Mis en place plusieurs années après les classes relais, les ateliers relais constituent un dispositif plus léger, plus souple. Si les résultats ne sont pas négligeables, le fonctionnement lui-même est symptomatique d’une dérive de l’Éducation Nationale.
Leur objectif est simple : prendre en charge des collégiens en grande difficulté, en situation de « décrochage », sur une période limitée (généralement 4 semaines) et en petits groupe (6 à 8 élèves par session), avant de les réinsérer dans leur collège d’origine, ce qui implique un travail avec l’équipe pédagogique. Les activités consistent en un programme de remise à niveau dans les connaissances de base, mais le but est surtout de réconcilier ces enfants et adolescents avec le sens de l’école, de l’apprentissage : des partenariats sont donc établis avec notamment des associations d’éducation populaire.
Le bilan est souvent positif : les élèves reviennent apaisés, plutôt réconciliés avec l’institution.. Pas de miracle, bien sûr, mais le début éventuel d’une amélioration.
Où est le problème, alors ? Le recrutement des intervenants par l’Éducation Nationale. Les postes de responsables des ateliers relais ne sont en effet pas soumis au mouvement, et sont donc des postes « à profil » : en clair, toutes les dérives sont possibles dans ce type de recrutement. Ces responsables sont par ailleurs épaulés par des assistants d’éducation sans aucune formation : notre institution a donc une fois encore recours à la précarité pour assurer des missions délicates et essentielles auprès d’un public pourtant très sensible. Enfin, les enseignements disciplinaires sont, au mieux, dispensés en HS par des professeurs, au pire bricolés par des intervenants, voire, faute de volontaires, par des retraités !
Un autre point faible réside dans la formation de celles et ceux qui veulent travailler auprès d’un tel public, spécifique et difficile : on compte sur la bonne volonté et l’investissement de ces personnels, sans leur assurer la formation que beaucoup réclament.
En clair, les ateliers relais, encore confidentiels, pourraient constituer un maillon fort du collège, mais, une fois de plus, l’institution, ne se donne pas les moyens de ses ambitions devant l’enjeu capital qu’est la prise en charge de collégiens à la dérive, et ce sont encore les bonnes volontés qui font fonctionner ces dispositifs, avec bien peu de soutien et de reconnaissance.
Laurent Rougé, Tarbes, Ecole Emancipée.