A deux jours de la prochaine échéance contre la loi Travail, c’est l’occasion de tenter de tirer un premier bilan de ce mouvement social.
Arrêtons-nous d’abord sur ses faiblesses et nos difficultés dans celui-ci. Si la mobilisation impressionne par sa longueur dans le temps, le 15 septembre cela fera plus de 6 mois, son intensité est moindre qu’en 2010 par exemple. C’est visible dans la taille des manifestations. Et c’est surtout visible dans la grève. Dans les écoles, nous n’avons pas réussi à convaincre les enseignants de se mettre significativement en grève.
Et cette faible mobilisation par la grève se retrouve dans l’ensemble de la Fonction publique.
Il faut s’interroger sur ces difficultés de mobilisation au sein de la Fonction publique.
Quel poids, conscient ou inconscient, peut jouer le fait que la loi travail touche uniquement le privé, même si tout est le monde est bien conscient des vases communicants entre le code du travail et les règles de la fonction publique ? Quoi qu’il en soit, il nous faudra développer et encore améliorer notre travail de conviction avec nos collègues sur les grands enjeux interprofessionnels. Et le dossier retraite pourrait être le prochain grand sujet.
Sinon, quel rôle a pu jouer l’« abandon », entre guillemets bien sûr, de la journée de grève du 22 mars sur les salaires dans la Fonction publique ? Le potentiel était fort, la grève du 26 janvier avait permis à un enseignant des écoles sur trois d’être en grève, et le dégel gouvernemental, 2 fois 0,6% n’était pas du tout à la hauteur des pertes cumulées. D’autres secteurs ont alliés avec plutôt des réussites, leurs revendications propres et leur insertion dans le cadre interpro, comme les cheminots ou les intermittents.
Tout cela n’a pas contribué à renforcer le poids la FSU dans l’intersyndicale, dominée par la CGT et FO, même si toutes les organisations connaissent les mêmes difficultés de mobilisation dans la Fonction publique.
Justement cette intersyndicale est inédite.
Inédite sur la durée.
Inédite de clarification apportée sur les différentes orientations du syndicalisme.
Inédite car elle a su combiner les armes habituelles du mouvement syndical (pétition, grève, manifestations décentralisées, manifestation nationale…) avec l’apport de nouvelles formes de mobilisation via les réseaux sociaux et les Nuit debout… Une partie de l’intersyndicale, la CGT et Solidaires, mais pas la FSU, a même tenté des jonctions, des ponts avec ces nouvelles formes de mobilisation.
Enfin, l’intersyndicale a dépassé son objet premier, le rejet de la loi Travail. Elle incarne plus globalement une résistance aux politiques libérales.
L’intersyndicale est maintenant à la croisée des chemins pour passer à une sorte de deuxième acte en élargissant encore son objet pour incarner une alternative pour les salarié-es et un espoir d’imposer des changements sur les conditions de travail, l’emploi, les salaires, les retraites… Bien entendu sans abandonner son objet premier, la loi travail qui va rentrer en application cet automne.
Quelle forme pourrait prendre l’intersyndicale pour perdurer, devenir plus pérenne ?
On connaît l’écueil de la concurrence électorale avec le vote de représentativité dans les TPE en novembre, il faudra le surmonter.
Et quel rôle peut jouer la FSU dans tout cela ? Après 1995, la FSU avait proposé des comités de liaison unitaire. Ne pourrait-elle pas en proposer aujourd’hui une déclinaison adaptée à la situation ? C’est ce que pourrait impulser le SNUipp dans la fédération.