Ces élections constituent un coup d’arrêt à la dynamique de notre syndicalisme.
Nous, c’est la FSU
Nous, c’est le SNUipp
Malgré la très forte implication militante des sections et du national, malgré quelques beaux succès dans certains départements, malgré la petite hausse de participation, les résultats globaux ne sont pas bons.
Et notre résultat national n’est pas réductible à la somme des résultats départementaux, il y a bien des enseignements nationaux à tirer de ces élections.
C’est vrai qu’il y a le climat général de résignation, et même aujourd’hui, un climat de défiance envers un gouvernement dont les personnels n’attendent pas grand-chose.
C’est vrai qu’il y a eu des modalités de vote qui ont constitué un frein à la participation.
Pour autant, ça ne suffit pas à expliquer les résultats.
Il faut donc aller plus loin dans l’analyse.
Dans les critiques qui nous sont faites, deux nous interpellent plus particulièrement.
Tout d’abord celle pour laquelle nous donnerions l’impression d’accompagner la politique éducative et donc de porter au final une part de responsabilité de la situation faite aux personnels.
Ensuite celle qui estime que nous manquons de clarté dans nos positionnements, notamment avec nos synthèses qui ressemblent souvent à des tranches napolitaines. Et que dire lorsque des sections départementales s’en affranchissent ouvertement…
Ces deux critiques se sont notamment traduites par l’abstention ou le vote pour d’autres syndicats d’une partie de notre électorat.
Elles nous amènent donc à débattre de notre stratégie syndicale car nous avons un problème d’identification.
Depuis l’été 2012, nous avons été bien trop accaparé par le dialogue social institutionnel, bien trop incorporés dans une sorte de sous-traitance de la politique ministérielle, avec notamment la loi de refondation, les plus de maitres les 2 ans et les chantiers métiers…
Et nous nous sommes donc essentiellement positionnés en réponse à tout cela.
Bien sûr, le dialogue social n’est pas à rejeter en soi. C’est mieux de discuter avec le ministère plutôt que d’être ignoré et c’est bien évidemment notre rôle d’essayer de faire bouger les choses et les textes dans l’intérêt des personnels.
Pour autant quel bilan en fait-on ? Qu’a-t-on vraiment fait bouger ? Et quelles perceptions peuvent avoir nos collègues de nos interventions ?
Car le dialogue social a une autre face. Il sert à faire passer la pilule quand le ministère n’a pas grand-chose à lâcher aux personnels comme c’est le cas aujourd’hui… Et il sert aussi à organiser la mise en scène de l’accompagnement de ce pas grand-chose par tout ou partie du mouvement syndical…
Cette situation comporte donc un risque majeur. Si nous ne travaillons pas sur des objectifs revendicatifs qui nous sont propres, nous restons condamnés à nous positionner pour l’essentiel par rapport à l’agenda et la feuille de route du ministère, avec d’un côté le SE qui applaudit à tout et de l’autre FO qui refuse tout en bloc.
Et cela ne bénéficie pas aux personnels, fait le jeu à la fois du SE et de FO et nous met en difficultés.
Il faut donc sortir de cette situation et mettre en avant nos objectifs propres. Il faut qu’on arrive à imposer nos thèmes sur le terrain de l’école.
Comment le faire dans une situation où le rapport de force ne nous est pas favorable et où la profession le sait ? Il faut que nous travaillions, sans rien lâcher sur nos ambitions et de notre projet pour l’école et les personnels, à un corpus de revendications perçues comme « atteignables » par les personnels dans le contexte actuel. Avec l’objectif de le porter dans l’unité la plus large.
Ce travail est indispensable pour reconstruire notre dynamique syndicale, démontrer notre utilité sociale et réaffirmer la place centrale qu’occupe notre syndicalisme dans le paysage.
Et cela permettra également de redonner du sens à notre investissement militant.