« Il y a trois sortes de violence. La première (…) est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations (…) La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde (…) . Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
Cette « troisième violence » elle se traduit par des mort-es, des mutilé-es, des blessé-es graves dans le mouvement social que nous connaissons.
Après avoir fait taire les banlieues en 2005, après avoir réprimé sauvagement le mouvement contre la loi travail, c’est le mouvement des Gilets Jaunes qui est victime d’un gouvernement qui veut écraser toute les contestations sans modifier d’un pouce sa politique libérale. Et quand les lycéen-nes s’en sont mêlé-es, c’est à genoux qu’on leur a fait expier.
Et la justice est elle aussi aux ordres.
Quand un gilet jaune boxe un CRS, c’est 6 mois ferme. Quant c’est un commandant à Toulon sur un manifestant, il n’y aura pas de poursuites. Quant au boxeur de manifestant-es Benalla, il voyage avec un passeport diplomatique…
Quand à Narbonne un gilet jaune appelle à une manifestation non-déclarée, c’est, là encore, 6 mois ferme. Quand Luc Ferry appelle aux meurtres de, je cite, « salopards » en parlant de nous, c’est de la liberté d’expression.
Et que dire des cagnottes de soutien aux gilets jaunes interdites quand celles qui soutiennent les identitaires pour affréter leurs bateaux de haine ne rencontrent aucun souci, aucune condamnation ministérielle.
Et pour finir quelle belle unanimité que celles des plateaux de télé où c’est la seule violence des manifestant-es qui est dénoncée.
Alors quand c’est la même unanimité que l’on retrouve dans le communiqué intersyndical du 6 décembre, signé par la FSU, n’y-a-t-il pas un problème mes camarades ?
Quel autre but à tout ceci que de discréditer le mouvement dans l’opinion publique et d’instaurer un climat de peur ?
Et pendant ce temps là, car les faits sont têtus, une arrestation sur deux à Paris se solde par un non-lieu… preuve qu’elles ne sont pas justifiées.
Et toujours dans les faits, la France est le seul pays d’Europe à utiliser ces flash-balls et des grenades de désencerclement. Le Défenseur Des Droits, la LDH et d’autres associations attachées aux libertés demandent leur interdiction immédiate.
En étant factuel, nous pouvons dire que cette police et cette justice sont une police et une justice de classe, aux ordres du pouvoir. Et cette classe, celle des dominant-es, n’est pas la nôtre.
C’est le sens politique du projet de loi anti-casseurs. Le Syndicat de la Magistrature le qualifie de la sorte : « En fait de « loi anti-casseurs », il s’agit plutôt d’un projet « anti-manifestants » bien commode pour étouffer toute contestation »
Alors que nous avons qualifié tardivement cette colère de légitime, allons nous désormais rester les bras croisés, voir nos libertés se réduire, laisser des camarades de luttes se faire éborgner et enfermer en silence ? La responsabilité politique des violences, c’est ce gouvernement qui doit la porter.
Construire au plus vite une campagne unitaire réclamant à la fois l’interdiction des armes mutilantes, l’amnistie des mobilisé-es ainsi que l’abandon du projet de loi anti-casseur est donc une urgence absolue.
Et pour conclure, la meilleure réponse des organisations syndicales à la violence d’État, plus que de participer à un grand débat, serait d’appeler à grossir le nombre de manifestant-es, afin de faire de ce mouvement pour une autre répartition des richesses et une démocratie renouvelée, un mouvement victorieux.