Le 26 novembre prochain, la nouvelle mouture du protocole égalité professionnelle dans la Fonction Publique sera soumis à la signature des organisations syndicales. Si le texte va globalement plutôt dans le bon sens, on peut déjà présager que le manque de mesures contraignantes limitera son efficacité.
Mais surtout avec une signature prévue le 26 soit deux jours après la mobilisation inédite contre les violences du 24 novembre, il est néanmoins important de prendre un peu de recul.
Ce protocole égalité suffirait-il à faire de ce gouvernement et particulièrement de sa secrétaire d’État à l’égalité, Marlène Schiappa, les chantres du féminisme post #metoo ?
Suffit-il d’organiser un tour de France de l’égalité en 2017, une université d’été du féminisme en 2018 pour donner une couleur égalitaire à ce gouvernement ? La réponse est non.
Tout d’abord, revenons sur les opérations de com’ de Schiappa, A commencer par une université qui donne la parole aux anti-féministes comme Elisabeth Levy…. Et n’hésitant pas à laisser Raphael Enthoven disserter pendant 20 minutes sur ce qui serait bon pour vous les femmes ! Sans compter les centaines de milliers d’euros dépensés, sommes que les associations d’aide aux femmes victimes de violences n’ont pas touchées !
Et c’est le choix de gouvernement : Schiappa, Blanquer même combat. Toujours privilégier la communication en écartant les acteurs de terrain, ne pas prendre en compte leur expertise, faire croire à une pseudo concertation pour au final s’en tenir aux projets initiaux.
L’exemple de la loi contre les violences sexistes et sexuelles en est le meilleur exemple. Les associations unanimes sur l’exigence d’un âge-seuil légal de non consentement se sont mobilisées sans être entendues.
Et ce n’est pas tout : baisses de subventions drastiques dans les associations, fin des contrats aidées, fermetures de Centres d’Information sur le Droit des Femmes et des Familles… autant de coups portés à la cause féministe qui sont à mettre au crédit de ce gouvernement.
Et enfin, c’est la politique antisociale de ce gouvernement est le plus grand vecteur d’inégalités…. Et notamment, mais pas exclusivement, entre les hommes et les femmes. La réforme des retraites à venir, comme toute mesure régressive, pénalisera d’abord les femmes.
Sans entrer dans les débats pourtant important autour des droits familiaux, citons simplement Christiane Marty, de la fondation Copernic et du Conseil Scientifique d’ATTAC :
« Dans un régime par points, on accumule des points en cotisant tout au long de sa vie active, les cotisations achetant des points. Au moment de la retraite, les points sont convertis en pension (…) La pension reflète ainsi l’ensemble des salaires perçus, et non plus les 25 meilleures années de salaires comme dans le régime par annuités. Dans la situation actuelle, caractérisée par des carrières de femmes en moyenne plus courtes, assorties de salaires plus faibles et de périodes de temps partiel, les inégalités de pension entre les sexes ne pourraient alors qu’en être encore accentuées par rapport au régime par annuités (…) La somme des cotisations versées par les femmes ne représenterait que 58 % de celle des hommes et la pension moyenne des femmes serait aussi de 58 % de celle des hommes, contre, pour rappel, un ratio actuel de 69 % pour les pensions des nouveaux retraité·es ! »
Tout le monde n’a, en effet, pas les mêmes possibilités d’avoir de bons salaires : le chômage, la précarité sont une réalité. Mais cette réalité est encore plus crue pour les femmes : ultra majorité des temps partiels notamment parce que les normes sociales leur attribuent la charge de l’éducation des enfants.
Bel exemple de féminisme que ce projet de réforme des retraites n’est ce pas ?
Alors, signer le protocole reste une bonne chose. Il correspond à l’objectif syndical d’amélioration des choses pour les travailleuses.
Mais notre féminisme n’est pas celui de façade de Macron, Philippe et Schiappa.
Notre féminisme à nous, c’est celui du combat pour l’égalité, pleine et entière. C’est se donner l’objectif de réussir le 24 novembre en mobilisant la FSU partout où des événements sont prévus.
C’est surtout se donner l’objectif de mettre en échec sur les retraites notamment, les recul sociaux orchestrés par ce gouvernement.