Débat action – Allô Jupiter, ici la Terre !

Présentation du texte action de l’Ecole Emancipée (Bénédicte Viguier, BN, Amiens)

La situation internationale, en Turquie, en Grèce, en Iran, en Russie, en Ukraine, en Cisjordanie occupée, est marquée lors des semaines qui viennent de s’écouler par des régimes autoritaires caractérisés par la corruption, la privatisation, un pouvoir conservateur, de droite et d’extrême droite qui réprime les mobilisations et tue. Partout les puissant-es sont à la manœuvre pour accroître leur domination sur les populations.

Multipliant les voyages à l’étranger depuis des semaines, Macron était en Afrique au début du mois, pour la 18ème fois depuis 2017. Le président a beau dire que « l’âge de la Françafrique est révolu », il en a profité pour rendre visite à des dirigeants autoritaires, faire du business et du greenwashing, et consolider la présence militaire française.

Et pendant ce temps là, le business est florissant en France. Alors que l’inflation reste galopante, appauvrissant la population, et en premier lieu les milieux populaires, les grandes entreprises françaises profiteuses de crise (et du « quoi qu’il en coûte ») font des bénéfices record et la spéculation va bon train sur l’énergie et l’alimentaire. Les inégalités s’accroissent et le chômage et le travail précaire prospèrent grâce aux lois anti-sociales de la Macronie.

Bien que la population se mobilise massivement depuis des semaines contre le projet de réforme des retraites Macron-Borne, le pouvoir reste sourd et avance tel un bulldozer.

Après avoir déployé une communication catastrophique, alternant dénigrement, mensonges et menaces, utilisé des procédures permettant de réduire le débat parlementaire, le gouvernement qui est aux abois fait le choix à présent de l’entrave et de la criminalisation des luttes. Depuis le 11 mars, les violences policières ont fait leur retour dans les manifestations. Elles s’aggravent depuis le 49-3. On arrose de lacrymo, on nasse, on menace de condamnation pour délit d’entrave celles et ceux qui bloquent, on arrête et on met en garde à vue celles et ceux qui se mobilisent. tout particulièrement les jeunes, lycéen·nes ou étudiant·tes : le SNES doit être à leur côtés.

Seul contre tous, Macron s’enferre dans le déni de démocratie. Il prétend qu’il a été mandaté par le peuple lors de sa réélection en 2022 pour faire cette réforme, niant que la popularité du mouvement, qui démontre sa légitimité morale et sociale depuis le 19 janvier, augmente dans l’opinion à mesure que la sienne baisse : « la foule n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élu[-e]s », « l’émeute ne l’emporte pas sur les représentant[-e]s du peuple » disait-il encore hier soir pour apaiser le pays !!!!

Tout cela risque de très mal finir ! Le RN, qui a affiché discrètement son opposition à la réforme des retraites, est en embuscade. Le danger de le voir remporter les prochaines élections est très grand. L’heure est grave pour la société, le syndicalisme et la démocratie. Les organisations syndicales doivent affirmer explicitement que la lutte contre cette réforme dans la rue et au parlement s’est menée sans le RN, et que leur tentative de récupération est une véritable imposture.

Dans l’éducation, malgré l’appel de l’intersyndicale à débattre de la reconduction en Assemblée Générale et le volontarisme de certaines équipes syndicales sur le terrain, la base n’a pas massivement poussé à hausser le rapport de forces d’un cran en terme de rythme de mobilisation. L’absence d’un appel clair à la grève contre la réforme des retraites dans notre secteur, les jours qui ont suivi le 7 et autour du temps fort du 15, a cependant pu envoyer un mauvais signal. Le SNES – avec la FSU – aurait certainement dû prendre ses responsabilités à ce moment-là dans ce secteur où il est incontournable, comme il l’a fait avec les épreuves de spécialités et en œuvrant à la réussite du 23 mars.

Car dans l’éducation, les contre-réformes s’enchaînent, que ce soit concernant le lycée, le collège, ou la revalorisation de nos salaires. Or on ne veut travailler ni plus, ni plus longtemps !

L’enjeu de la CAN aujourd’hui est bien de se poser la question des suites que nous souhaitons donner à la mobilisation retraites, et tout particulièrement des suites à la journée de demain jeudi 23 mars.

Les temps forts, avec grève et manifestations restent nos outils principaux de lutte. Mais il nous faut élargir la palette des possibles : nos collègues les plus mobilisé·es qui, depuis le 7 mars, participent à des reconductions et à des blocages pour entretenir le feu roulant de la mobilisation ne s’y sont pas trompé·es. Il faut renforcer toutes les initiatives locales.

Si grève du secteur éduc il doit y avoir, elle doit alimenter le rapport de force contre la réforme des retraites et non s’y juxtaposer. C’est bien une telle grève, centrée uniquement sur des revendications sectorielles, qui fragiliserait l’interpro. Au contraire, dans un moment où les collègues semblent s’en remettre aux organisations syndicales pour conduire la lutte, il faut faire le lien entre les retraites et nos revendications sectorielles : c’est en gagnant sur les retraites qu’on pourra gagner sur nos revendications sectorielles.

Le SNES, avec la FSU, doit impulser des actions coordonnées nationalement à la fois en terme d’horaire et de type d’actions.Si manifestation nationale il devait y avoir, il faudrait la concevoir comme le coup d’envoi d’une nouvelle phase de la mobilisation et donc qu’elle s’insère dans un plan d’actions. Le RIP peut utilement compléter l’arsenal des outils pour entretenir la mobilisation, mais ne doit pas s’y substituer.

Qui aurait pu prédire :

– que nous serions des millions dans la rue contre une réforme des retraites qui recueille plus de 72% de jugements négatifs dans la population, plus de 90% de rejet parmi les actives et actifs ?

– que ce mouvement serait animé par une intersyndicale la plus large possible, unie sur une plate-forme claire de retrait du projet ? Aujourd’hui l’unité de toutes les OS est un élément de force du mouvement.

– qu’on verrait se tourner assez massivement les salarié.e.s vers les OS qui retrouvent de la légitimité ?

Nous pensons que nous ne devons pas avoir peur d’aller à l’affrontement avec ce gouvernement : dans cette bataille pour les retraites, nous avons toutes les raisons d’avoir confiance en nos capacités à gagner. Le SNES avec la FSU doit être porteur d’un élargissement des possibles.

Texte action de l’École Émancipée