Nous faisions à Saint-Malo l’analyse de ce qui était à l’époque le projet de réforme de la formation initiale des enseignants. Nous considérions que cette réforme n’était satisfaisante ni sur la forme, ni sur le fond. Qu’elle ne permettrait pas une formation intégrée de qualité, de répondre aux exigences universitaires d’un niveau M2, avec un M1 consacré à la préparation du concours et un M2 plombé par le poids du mi-temps en responsabilité.
Un an après la mise en place des ESPE, un an pendant lequel tous les textes cadrant la formation sont parus, cette critique reste juste.
Mais, un an après la mise en place des ESPE, il faut certainement que notre critique prenne une autre ampleur.
Je ne parlerai pas de la situation faite aux lauréats du concours 2014 exceptionnel, pour qui les conditions d’entrée dans le métier sont dans bien des départements pires que celles des générations précédentes.
Je ne parlerai pas non plus du recrutement à l’échelon 1, du fait que des ESPE organisent des cours pendant les vacances scolaires.
Je ne parlerai pas de la charge de travail inconsidérée que vont vivre les lauréats du concours 2014 rénové qui doivent valider un M2, avec un mémoire répondant aux critère d’un mémoire de recherche universitaire, tout en ayant un mi-temps de classe.
Je parlerai donc d’autre chose.
Notre critique se fondait sur un postulat, la même que celle dans laquelle s’est enfermé le gouvernement à savoir que très majoritairement les lauréats du concours 2014 rénové seraient des étudiants inscrits en M1 MEEF lors de l’année 2013-2014, et qui auraient donc le M2 MEEF à valider en 2014-2105.
Or c’est loin d’être le cas. Ces stagiaires types sont une minorité dans les ESPE.
Les chiffrages sont encore imprécis, mais on peut parier sur le fait que près de 60% des lauréats du concours 2014 rénové sont déjà titulaires d’un master (MEEF ou autres), et donc qu’ils remplissent déjà les conditions de diplômes pour la titularisation.
Et les ESPE ne savent pas quoi faire de ces stagiaires. Elle pensaient qu’ils étaient les marges. Elles leur proposent des réinscriptions en master MEEF, des diplômes universitaires dont le contenu est une resucée des master MEEF, et posent des exigences supplémentaires à la titularisation. En aucun cas une formation adaptée à leurs besoins.
Quand les marges sont la majorité, rien ne va plus.
Alors il y a des revendications d’urgence à porter : pas d’exigence de diplômes supplémentaires, respect des ORS,, réorientation du mémoire vers un type d’écrit professionnalisé. Revendications qui peuvent obtenir gain de cause.
Il y a aussi la revendication d’un stage ne dépassant pas le tiers-temps qu’il faut marteler.
Mais il est aussi l’heure d’exiger haut et fort une remise à plat totale de la réforme, ce qui nécessite de reprendre les débats qui nous traversent sur cette question, exiger une remise à plat totale de la réforme donc, en s’appuyant sur la mobilisation de ces marges qui sont la majorité. Remettre à l’endroit la formation des enseignants pour qu’elle soit à la hauteur de notre ambition et des exigences de ceux qui la vivent.