Rentrée 2008, X. Darcos décide, de manière autoritaire, de supprimer les cours du samedi matin dans le primaire.
Il réduit ainsi le temps de classe hebdomadaire de 2 h sans pour autant toucher aux programmes.
Pourquoi prend-il le contre-pied de l’avis des professionnels et des études scientifiques sur les effets
de cette organisation ? C’est N. Sarkozy qui l’exprime le mieux en septembre 2007 à Nantes :
« Le rythme de diminution des effectifs de l’Education Nationale sera fonction des progrès réalisés
dans la remise à plat des programmes et des rythmes scolaires, qui est nécessaire à l’équilibre de nos efforts. »
Deux ans plus tard, Chatel installe un « comité de pilotage » pour « remettre à plat l’organisation du temps scolaire ». Le rapport rendu au ministre le 4 juillet 2011, centre l’intérêt de l’enfant comme objectif prioritaire. Pourtant, première alerte, il botte en touche sur les rythmes de la maternelle, affirmant simplement que « ses horaires ne doivent pas être différents de ceux de l’école élémentaire compte tenu de l’obligation d’accueil et des contraintes des familles ». Quant aux dix mesures phares, leurs intentions vont bien au-delà de ce qu’en ont relayé les médias. Plus qu’une simple réorganisation des temps scolaires, elles engagent une mutation « des modes d’enseignement », visant « une journée moins lourde mais pas nécessairement moins longue ». Le comité de pilotage proscrit toute diminution du volume horaire global mais préconise une réorganisation de la journée, de la semaine et de l’année scolaire. Tout repose sur un redécoupage de la journée, dans une amplitude horaire de 8h à 17h30, avec 5 heures de cours collectifs jusqu’en 5ème (6 heures en 4ème et 3ème), et 2 heures d’accompagnement éducatif pour tous (1 heure en 4ème et 3ème). L’équation est posée : maintenir le volume global avec ces modulations est possible en rétablissant la semaine de 4,5 jours en primaire et en réduisant de 2 semaines les vacances d’été.
« Accompagnement éducatif », nouvelle mission
des enseignants ?
Le rapport épouse manifestement l’évolution qui s’affirme de plus en plus dans la politique éducative actuelle : « Le temps de l’école se présente désormais non plus en 2 mais en 3 séquences : enseignement, accompagnement éducatif et périscolaire ». « L’accompagnement éducatif » est redéfini en tant qu’« aide sous toutes ses formes » où « l’élève est guidé par le professeur » (incluant l’aide personnalisée) et « activités culturelles et sportives […]complémentaires des enseignements artistiques qui figurent au programme ». Considéré comme un nouveau temps d’apprentissage, il est inclus dans le temps scolaire obligatoire mais exclu du temps d’enseignement des programmes. Le comité de pilotage souligne que l’organisation de ces heures doit relever de la décision des équipes mais de missions partagées entre les enseignants et les communes, ce qui « nécessite encore une concertation sur les responsabilités de chacun » d’ici 2013. Le débat n’est effectivement pas terminé !
Statut des enseignants,
un débat déjà bien (mal) engagé !
Les annonces du ministre sur le rapport n’ont concerné que le respect d’une pause méridienne d’au minimum 1h30 et la réduction des vacances d’été avec la mise en place d’un zonage. Mais des discussions doivent avoir lieu à l’automne. D’autres déclarations ont déjà mis en lumière le débat rampant sur les missions, le temps de travail et le statut des enseignants. D’après un article du Monde intitulé « le statut des enseignants au cœur du débat » (31 aout 2011), « Nicolas Sarkozy veut en faire un débat central de la présidentielle 2012. […] les enseignants ont une double mission : l’animation collective et le suivi individuel. Ils doivent renforcer leur présence dans l’école. Et en contrepartie obtenir une réévaluation ». Les récentes expériences en la matière laissent craindre le pire !
Avenir des élèves
et de notre profession… l’enjeu
Augmentation du temps de travail au prétexte « d’accompagnement éducatif », traitement des difficultés scolaires déporté hors temps d’enseignement avec suppression des dispositifs spécialisés (RASED), exclusion des programmes de certains apprentissages, considérés à tort comme « non fondamentaux », constitution de filières (destinées au tri des élèves) avec pour les uns un temps d’accompagnement éducatif centré sur le socle commun et pour les autres une ouverture culturelle (ou sportive)… Le projet est cohérent, les risques sont lourds et les enjeux importants. Ne laissons pas les médias et le gouvernement jouer la partie sans nous, faisons nous entendre par tous les moyens ! ●
Fabrice Billot Morel