Les personnels de direction et les corps d’inspection ont pour la majorité démontré cette année leur inutilité, voire le caractère néfaste de leur action : surveillance à distance, pressions et injonctions paradoxales porteuses de risques psycho-sociaux pendant le confinement et surtout une déshumanisation de notre métier et de notre rapport aux jeunes.
Retour sur une année de caporalisation
Cet hiver déjà, les chef·fes d’établissements ont fait appel à la police, y compris dans l’enceinte des lycées, et, secondé·es par des IPR, ont été le bras armé du ministère pour sanctionner les collègues qui se sont mobilisé·es contre la réforme du bac et du lycée.
Le confinement a été un festival d’injonctions contradictoires, impossibles à mettre en œuvre, et, cerise sur le gâteau, l’attente en lycée de la parole divine concernant l’oral du bac français. Je n’ose même pas aborder les jury et pré-jurys du bac, qui sont une vaste blague.
La période post-confinement s’inscrit dans la même ligne avec une désorganisation totale des services et des enseignements ; une acceptation de l’école à la carte. Et bien sûr, dès que l’école n’est plus obligatoire, elle est dispensable pour les femmes, comme dans ce collège d’Aulnay où « il [était] demandé d’accueillir en priorité les garçons décrocheurs ». Enfin, une impossibilité à respecter le protocole sanitaire et à le contester.
Un burn-out de l’ensemble de la profession
L’année 2019-2020 a commencé par le suicide de Chrisitine Renon et l’émotion que cela a suscité dans la profession est significatif du mal-être général qui existait déjà avant le confinement. La période que nous venons de vivre a renforcé ce sentiment général de burn-out, non seulement pour les enseignant·e·s, mais également à tous les niveaux de la hiérarchie (comme le montre la tribune anonyme du Groupe de Grenelle).
Paradoxalement, le moment de confinement a été un moment où chaque enseignant·e a pu vérifier effectivement l’utilité de son travail et l’absence totale d’utilité de sa hiérarchie dans l’exercice de son métier. Recevoir, une semaine après le début du confinement, un avertissement concernant les plateformes de visio-conférence a de quoi faire sourire. Loin des injonctions ministérielles et télévisées, chaque enseignant a développé un lien particulier avec « ses » élèves pendant le confinement et après, lorsque la reprise a été décidée en haut lieu, pour appliquer le protocole sanitaire dans des conditions pédagogiques les plus émancipatrices possibles.
Avoir des mots d’ordre clairs pour la rentrée
Aujourd’hui, il y a un espace dans la profession qui permet au SNES-FSU d’être audible sur la question de la hiérarchie. S’il est une évidence que le mot d’ordre de démission de Blanquer est largement partagé (y compris au-delà des enseignants) comme aboutissement de la contestation que nous faisons de l’ensemble de sa politique, car il la cristalise et l’incarne. Au-delà, il ne s’agit pas d’exiger la suppression immédiate des hiérarchies intermédiaires (quoi que ?), mais à minima, d’exiger une refonte totale de la formation et des missions de ces corps, qui doivent être plus tournées vers la gestion du collectif que vers les injonctions.
Pour le dire clairement : les chefs ne doivent pas être des courroies de transmission des ordres « venus d’en haut », mais au contraire la caisse de résonance du collectif.
A l’heure du renforcement des hiérarchies locales dans le premier degré par la création d’un statut ou d’une mission de directeur·trice d’école, le SNES-FSU propose à la fédération une réflexion sur le statut et les missions de ces personnels dans la perspective de leur refonte totale au profit des collectifs de travail, pour construire l’École d’après.