Intervention introductive de Nolwenn Pontoizeau (bureau national) sur l’action

«Le projet de loi El Khomri est une insulte au monde du travail. Rarement l’attaque aura été aussi grave. Avec l’inversion de la hiérarchie des normes qui permet aux accords locaux au rabais, obtenus sous la pression, de se substituer aux accords de branche ; en lançant l’offensive contre l’outil syndical avec la promotion des référendums-bidons en entreprise ; en organisant et généralisant la précarité, la flexibilité et en facilitant les licenciements, c’est une dégradation majeure du temps et des conditions de travail de millions de salarié.e.s que prépare activement le gouvernement. »

Cet extrait de L’appel des 100 syndicalistes contre la loi “TRAVAIL” résume bien la situation. Depuis le 9 mars, les journées d’action se sont succédé à un rythme inégalé ces dernières années, tant l’attaque est grande. Alors certes, le 17 ou le 24 mars ont été moins bien réussis que le 9 mais ces journées ont permis de faire le lien jusqu’au 31 qui promet d’être un ras de marée humain. On attend déjà plus de 500 syndiqués du Snes-Fsu à Grenoble !

Notre syndicat a participé, avec plus ou moins d’investissement à ces journées, renonçant même au 22 mars pour réussir le 31. On sait très bien que l’éclatement des statuts de fonctionnaires suivrait de près la casse du code du travail et des accords de branche et que ce combat est le nôtre. On doit combattre l’inégalité homme-femme dans le monde du travail, s’opposer à la précarisation des contrats, à l’augmentation du temps de travail et à la stagnation de nos salaires…, bref à tous ces germes que contient le projet de loi El-Khomri.

Diverses organisations syndicales, comme FO ou la CGT annoncent déjà la réussite du 31 mais cette journée ne sera sans doute pas suffisante pour faire plier le gouvernement dont les reculades minimes sur son projet n’ont fait qu’attiser la colère de la population. Les sondages le prouvent, une grande majorité de la population est contre ce projet de loi et les syndiqués ne sont pas seuls dans la rue. On y trouve aussi la jeunesse. A ce sujet, il ne saurait d’ailleurs être question de ne faire qu’accompagner ce mouvement. Comme je l’ai déjà dit, ce combat est le nôtre et, en tant qu’éducateurs, notre place est à côté et avec les lycéens, que nous pouvons et devons protéger, comme nous le faisons souvent, des violences policières.

Des suites au 31 sont déjà prévues avec le 5 avril puis le 9. Il faut nous en emparer, quand bien même nous allons traverser le tunnel des congés de printemps car le débat parlementaire va durer jusqu’en mai. Il faut participer activement à toutes les journées qui suivront en proposant des journées de grève et d’actions par zones par exemple afin de ne pas faire retomber le soufflé, il faut imposer un rapport de force permanent face au gouvernement pour l’amener à reculer et à enterrer définitivement son projet.
Camarades, nous pouvons remporter ce combat en rassemblant la population bien au-delà du cercle militant et syndical parce que, pour reprendre la devise Belge, « L’union fait la force ».

Enfin, une réflexion doit être menée sur notre gestion de la lutte contre la réforme du collège. Si la bataille contre le projet de loi El Khomry la met ,à juste titre, au second plan, on ne peut cependant faire l’impasse sur ce sujet. De nombreuses journées de grèves et d’action ont été organisées, qui ont montré la colère des enseignants. Cette colère est toujours grande mais la réforme, petit à petit, s’organise avec les journées de formation et la préparation de la rentrée 2016. C’est désormais vers un travail de sape, de minage, de résistance que nous devons nous diriger en plus sans doute de journées spécifiques d’action. Dans tous les cas, il faut continuer de communiquer et de nous adresser à la profession pour lui montrer que nous n’avons pas abandonné cette lutte qui concerne le cœur même de notre métier et qu’en même temps nous sommes prêts à nous battre pour notre avenir et celui des générations futures.