Edito

Parfois, on a honte de cette société. Alors
que: les tentes installées par « les enfants
de Don Quichotte » se dressent toujours
dans nos rues, le long du canal St Martin
à Paris, à Toulouse, ailleurs… les propriétaires
ont repris les expulsions ! C’est une société où la
pauvreté ne cesse de s’accroître, où les travailleurs
pauvres, mal payés et mal traités (temps partiels
imposés, précarité des emplois) sont de plus en
plus nombreux, où les chômeurs, traqués et sanctionnés,
n’en sont pas moins chômeurs…
C’est une société dans laquelle les ambitions,
humaines et sociales, font l’objet d’objectifs
chiffrés : 27 000 expulsions de sans-papiers
pour 2007 ! Par tous les moyens… Et Sarkozy,
avec son ministère de l’immigration et de l’identité
nationale, ne recule décidément devant aucune
obscénité.

C’est une société qui exclut, qui réprime,
qui sanctionne, qui s’abreuve d’inégalités. Ce n’est
pas la nôtre ! C’est celle des grands groupes, industriels
ou financiers… Qui se portent bien, merci !
Qui licencient à tour de bras pendant qu’ils accumulent
les profits pour la plus grande satisfaction
de leurs actionnaires : 85 milliards d’euros
en 2005, vraisemblablement plus de 100 milliards
pour 2006…

De leur société, on n’en veut pas et nous
sommes nombreux à la combattre. Les attaques
patronales et gouvernementales ne restent pas
sans riposte et les résistances n’ont jamais été
aussi nombreuses, aussi fortes, dans un tel contexte
électoral. Ainsi, le RESF poursuit sans relâche ses
actions pour empêcher les expulsions de sanspapiers.

Le film « Laissez-les grandir ici » est un
moyen de plus pour rallier l’opinion publique. Une
opinion qui est loin d’être aussi raciste que
Sarkozy voudrait bien nous le faire croire. Une
opinion qui défend ses services publics, coûte que
coûte : les états généraux, le 10 mars, ont décidé
d’une nouvelle initiative nationale, le 31 mars, à
Firmi. Contre la privatisation d’EDF, la bataille
continue, la pétition se signe bien. Et il faut poursuivre
car les services publics sont attaqués de
toutes parts : dans l’Education, les personnels ne
se résignent pas, ils combattent au jour le jour
les mesures régressives et dangereuses d’un
ministre qui ne connaît rien, mais se mêle de
tout… Contre la casse des statuts, la destruction
de leur métier, les terribles suppressions de postes
(près de 6 000 pour 2007), les profs du second
degré ont une nouvelle fois fait grève le 20 mars.

Parce qu’il n’est plus temps de subir,
il nous faut au contraire reprendre la main ! Les
10 000 licenciements décidés à Airbus, malgré
les profits, ont suscité des réactions locales (grèves,
manifestations) mais aussi européennes. Il s’agit
aujourd’hui de faire converger, à l’échelle européenne,
les luttes pour une Europe sociale, contre
cette Europe monétaire. La mobilisation pour
défendre l’emploi à Airbus a poussé les présidentiables
à venir au chevet des salariés… Belle compassion
électoraliste ! Il n’empêche, c’est la preuve
que les mobilisations pèsent sur les débats,
infléchissent les choix à venir. Il faut donc les
poursuivre, les amplifier. Pour gagner. Pour ne plus
subir. Et si la lutte ne semble pas l’emporter, dans
une immédiateté marquée par les offensives libérales
de tout bord, elle pose en tout cas des jalons.
Car résister, d’une certaine façon, c’est déjà gagner !
Quelle que soit l’issue du scrutin, dans
un mois, nous serons toujours sur le pont, et nous
défendrons nos acquis, nous lutterons pour mettre
en avant toutes les solidarités (générationnelles,
ethniques, sociales), nous combattrons les inégalités
et les discriminations. Libéralisme ou sociallibéralisme,
nous n’obtiendrons rien du futur gouvernement
si nous ne sommes pas résolus à mener
toutes les batailles pour imposer une société plus
juste, une société dont on n’aurait plus honte…
Pas de souci : nous y sommes plus que jamais
résolus !

VÉRONIQUE PONVERT,
LE 18 MARS 2007.