Par Sandrine Monier
Deux mois auront suffi à apporter des éléments tangibles aux plus climatosceptiques pour les convaincre des bouleversements en cours : températures avoisinant les 40 degrés, sécheresse, incendies, épisodes orageux intenses, réchauffement de la Méditerranée… Après d’autres zones dans le monde, l’Europe, dont la France, n’aura pas été épargnée cet été, comme l’anticipait déjà le GIEC.
L’accélération, mais aussi la répétition et le cumul de ces événements accentuent l’urgence à changer le modèle responsable des catastrophes et à adapter nos modes de vie à la transformation de notre environnement. Cette priorité ne sera possible qu’avec un engagement politique fort. Or la ligne actuellement définie par Macron ne traduit pas la volonté de changer de cap et d’en finir avec les inégalités sociales et environnementales.
Des pays ont déjà pris la mesure de l’urgence en promulguant des plans ambitieux sur le climat – comme aux USA avec l’engagement d’un investissement de 360 milliards d’euros pour réduire notamment les émissions de gaz à effet de serre. Les 26,8 milliards d’euros prévus au budget 2023 laissent planer peu de doutes sur la hauteur réelle de l’engagement pour financer les plans annoncés hier en conseil des ministres.
D’autres mesures, comme la taxation des plus gros pollueurs ou l’adoption d’un taux d’imposition minimal pour les grandes entreprises, ont été sciemment écartées par le gouvernement alors qu’elles pourraient générer des recettes à réinvestir dans la lutte contre le changement climatique.
Sur le plan social, alors que l’Espagne ou l’Allemagne prennent des initiatives pour réduire l’usage de la voiture en testant la gratuité ou presque des transports en commun, aucune mesure équivalente n’est envisagée. L’exécutif se cantonne à des aides exceptionnelles comme les chèques carburant et énergie, destinés à aider les ménages les plus fragiles face à la hausse des prix. Cette approche élude la réflexion globale sur les alternatives possibles et les transformations à opérer dès maintenant.
Pourtant, ce travail de conscientisation est absolument nécessaire et son absence pointe l’irresponsabilité de la classe politique au pouvoir. Alors qu’il faudrait endiguer les inégalités sociales et les adosser à des mécanismes de compensation, qu’il faudrait engager une transformation de nos modes de vie, socialement acceptée et pas imposée d’en haut « parce qu’on y est obligé », ce n’est pas la voie qui est choisie.
L’été a aussi vu la montée de tensions autour du partage des biens communs – de l’eau en particulier. En l’absence de boussole gouvernementale qui définit des règles d’usage, socialement plus justes, elles mettent surtout en évidence la division de la société qui fait porter sur les milieux les plus populaires le poids du changement climatique.
Il est aujourd’hui de la responsabilité de notre champ syndical de mettre tout en œuvre pour gagner d’autres orientations politiques sur les questions sociales et environnementales. La FSU doit montrer toute sa disponibilité à s’y engager, dans l’unité, avec les autres organisations et dans Plus Jamais Ça. Cela doit désormais se traduire par des actions engagées par le SNUipp-FSU, clairement identifiées, et que le syndicat popularisera dans la profession. C’est désormais une urgence.