Syndicalement : participer à l’espoir

Par Blandine Turki


Dans un contexte d’abstention record, le scrutin de l’élection présidentielle a permis d’écarter provisoirement l’extrême-droite de l’exercice du pouvoir mais le RN enregistre à nouveau une progression importante en termes de voix (+ 2,2 millions au 1er tour et +1,5 au 2nd tour/2017). Si on totalise les voix accordées à l’ED au 1er tour, cela représente un peu plus de 30% des votant·es. La progression en faveur de l’extrême-droite, en particulier chez les salarié·es et dans notre champ professionnel est alarmante.

Les résultats définitifs manifestent tout à la fois un rejet viscéral de la politique libérale et autoritaire de Macron mais aussi un refus de voir accéder l’extrême-droite au pouvoir même si le barrage s’érode progressivement au fil des élections. Mais ce scrutin a permis aussi l’émergence d’un 3ème bloc porteur d’un projet de rupture qui a su capter une partie non négligeable de l’électorat notamment la jeunesse et les populations issues des quartiers populaires.

Syndicalement, il nous faut donc tirer collectivement les enseignements de ce scrutin et analyser le processus de recomposition politique sous la forme de 3 pôles (extrême droite, droite libérale et gauche de rupture) qui se déroule en ce moment sous nos yeux. Le mouvement social, par les mobilisations qu’il a su initier dans une période difficile a permis de remettre dans le paysage de la campagne présidentielle la question des salaires, des retraites, de la fonction publique, de l’écologie, des violences faites aux femmes, toutes ces revendications portées dans la rue, avec une volonté de rupture avec le libéralisme et les politiques écocides. Il a contribué à l’émergence de cette alternative en dehors de la structuration classique par les partis historiques, souhaitée par une partie non négligeable de la société. Comment à partir d’aujourd’hui et jusqu’aux législatives renforcer dialectiquement ce camp du progrès social, de la rupture écologique tout en gardant notre indépendance ?

La période jusqu’aux législatives ne doit pas rester une période blanche. Certes syndicalement il nous faudra continuer à occuper le terrain pour porter nos revendications, combattre le désespoir qui génère de l’abstention, marteler notre refus de l’Extrême-droite et dénoncer les politiques néo libérales qui la nourrissent. Une attention particulière doit être portée sur les retraites. Mais cette situation politique redonne de l’espoir à notre camp social, l’espoir d’un débouché politique avec une union des partis de gauche qui portent des revendications qui sont aussi les nôtres. En tant que syndicat de transformation sociale nous ne pouvons pas rester à côté. Tout en gardant notre indépendance, au vu de l’urgence sociale et climatique, il nous faut prendre des initiatives pour rendre possible ce changement de politique. Les organisations syndicales, le mouvement social ont les capacités de construire le rapport de force nécessaire pour imposer le changement de cap.