Alain Krivine vient de disparaître. Il n’était pas un militant de l’Ecole émancipée. Pourtant, il convient de lui rendre hommage car sa vie militante a été parallèle à nombre de nos combats.
En effet, jeune militant communiste, il fut engagé dans la lutte contre le colonialisme français en Algérie. C’est dans ce combat essentiel que se forgea la génération militante qui allait jouer un rôle important en mai 68 après avoir rompu avec le PCF. Or, ce moment fut une refondation de l’Ecole émancipée, revivifiée par la génération étudiante de mai qui devint ensuite enseignante.
Nombre de militant.es de l’EE vinrent au syndicalisme enseignant et à notre tendance par le biais de l’engagement à la Ligue communiste, rebaptisée révolutionnaire après sa dissolution en 1973. Et, depuis 68, les combats furent le plus souvent parallèles, que ce soit dans les luttes sociales, féministes, antiracistes et antifascistes. Plus récemment dans les combats écologistes.
Alain Krivine avait été, comme le dit la presse, un des « acteurs » de mai 68. Or, les acteurs connus, dont le plus médiatisé de l’époque, ont souvent tourné le dos aux engagements de leur jeunesse. Pas lui. Il avait d’ailleurs écrit en 2006 une autobiographie au titre parlant pour nous : « Ça te passera avec l’âge ». Ça ne lui est pas passé, à nous non plus.
Or, si nombre d’ « acteurs » de mai ont rompu avec ce qui fut l’espérance de ce printemps-là, beaucoup de militant.es des années soixante ont continué d’agir pour, à défaut de changer le monde, faire qu’il soit moins injuste. C’est aussi ce qui a fait notre tendance, et lui a permis d’accueillir aujourd’hui de nouveaux camarades qui prennent le relais.
C’est pourquoi, que nous ayons été ou non à la Ligue, nous rendons hommage aujourd’hui à celui qui fut, sa vie durant, un militant. Alain Krivine n’a jamais renoncé à vouloir changer ce monde. Comme l’Ecole émancipée. Qu’il en soit remercié.
Robert Hirsch