Les mots ont un sens. Et l’islamophobie ne fait pas exception.
Ce mot pour qualifier cette forme particulière de racisme a pu à un moment faire peur, certain·es y voyant le retour d’un délit de blasphème. Malheureusement, les faits se sont accumulés jusqu’aux drames de Christchurch et Bayonne. La fondation Jean Jaurès a donné le chiffre la semaine dernière. En France 4 musulman·es sur 10 ont été victimes au moins une fois d’une discrimination liée à leur religion.
Comme le disait très justement Eric Coquerel la semaine passée, lui qui fut longtemps pourfendeur de ce terme : « le propre d’un militant est de ne pas rester figé dans une négation du réel et d’être à l’écoute de ceux qui sont opprimés. ». C’était le sens de l’appel à manifester le 10 novembre dernier. Parce qu’elle a su s’en tenir au tenir au texte, comprendre la question politique, celle des discriminations, la FSU l’a très justement signé et maintenu sa signature.
Car rarement appel à manifester aura provoqué autant d’atermoiements. Jamais nous n’avons vu de reculade de ce type quand le PS appelait à marcher contre l’antisémitisme le 28 mars 2018. Appel auquel s’étaient pourtant associé : le CRIF, Laurent Wauquiez, Nicolas Dupont-Aignant et des membres du Rassemblement National dont Marine Le Pen. Manifestation où des militant·es de gauche, soutien de la cause palestinienne, furent insulté·es, menacé·es et obligé·es de partir. Y-aurait-il un problème spécifique dès qu’il s’agit de soutenir les musulman·es ? Des discriminations doivent-elles être minorisées, non-reconnues alors qu’elles frappent plus de 8 millions de personnes dans ce pays ?
Pourtant le texte d’appel était limpide. Je cite « L’islamophobie en France est une réalité. Quel que soit le nom qu’on lui donne, il ne s’agit plus ici de débats d’idées ou de critique des religions mais d’une forme de racisme explicite qui vise des personnes en raison de leur foi. Il faut aujourd’hui s’unir et se donner les moyens de la combattre, afin que plus jamais, les musulmanes et les musulmans ne puissent faire l’objet de tels traitements. »
Parce que l’islamophobie est un poison. Un poison qui ne s’arrête pas aux portes de nos classes. Tout le monde ici n’a pu être que révolté·e par les images du Conseil Régional de Bourgogne. Des images terribles où, en pleine sortie scolaire, une maman accompagnatrice a été prise à partie par un élu du RN. Alors que cette sortie était sur le thème de la citoyenneté, le message envoyé à cet enfant et sa mère est « vous n’êtes pas des citoyennes et des citoyens à part entière ».
A travers cet acte, c’est l’ensemble de la communauté éducative qui a été attaquée. C’est la relation école/famille, la construction de toute citoyenneté, qui ont été jetée à la poubelle des préjugés. Et pour couronner le tout, notre Ministre qui prend position contre ces mères !
Dans la foulée, le Sénat a voté une loi pour de nouveau exclure les mères voilées des sorties scolaires.
Ces propos et ces actes, le SNUipp doit continuer à les condamner et encore plus fermement si nécessaire par l’action judiciaire et la mobilisation.
Parce que le SNUipp a raison de défendre une laïcité qui refuse les logiques d’exclusion et de bouc émissaires. Une laïcité d’ouverture qui n’exclue aucune famille de l’école. Une laïcité qui fait confiance aux enseignant·es pour faire face au prosélytisme.
Ce mandat, nous devons le porter haut et fort face à ce Ministre et au sein de la FSU.