Après la réforme de la masterisation, les changements de position du
  concours et l’alourdissement du stage sous Sarkozy, le re-changement
  du concours sous Hollande, ce sont maintenant Blanquer et Vidal qui
  préparent une énième réforme de la formation, aggravant encore les
  conditions de formation et d’entrée dans le métier des enseignant-es
  et CPE. Le terrain a été préparé avant et pendant l’été par plusieurs
  rapports et des déclarations à la presse. Les textes de mise en place
  sont désormais prêts : projet de loi « confiance » (comme les couches
  ?), arrêté sur le référentiel de formation, modification du statut des
  assistant-es d’éducation (AED). Ces textes installent une forte
  reprise en main sur la formation par le ministère de l’Éducation
  nationale (MEN), cohérente avec la politique éducative de Blanquer :
  les ESPE deviennent des Instituts nationaux (INSPE), les
  directeurs-trices sont choisi-es par le recteur ou la rectrice et les
  président-es d’université.  Le terrain de stage est supposé former
  automatiquement les débutant-es, au détriment de l’apprentissage
  progressif de savoirs universitaires et professionnels. Recruté-es dès
  bac + 1, les nouvelles et nouveaux AED pourront exercer des missions
  pédagogiques et d’enseignement et être utilisé-es comme remplaçant-es,
  voire être en responsabilité de classe dès le M1. La position du
  concours et le décrochage 1er/2nd degrés, s’ils ne font pas encore
  l’objet de textes officiels, sont eux aussi clairement dans le
  viseur : « il s’agit de faire évoluer la situation actuelle, avec une
  vision différente pour les premier et second degrés » annonçait
  Blanquer le 7 novembre devant le Sénat.
  Cette casse de la formation ne peut que détériorer encore l’entrée
  dans le métier des enseignant-es, déjà difficile,
  etprécariserl’accèsàlaFonctionpublique.  Surtout, alors que l’enjeu
  principal de la formation est d’outiller les enseignant-es pour
  qu’elles et ils puissent, dans leurs pratiques pédagogiques et
  éducatives, participer à la démocratisation scolaire et lutter contre
  les inégalités entre les enfants, cette réforme tourne le dos à cet
  objectif en plaçant devant les élèves des enseignant-es mal formé-es
  et mal-traité-es.
  Inquiet-es de cette réforme, des formatrices et formateurs des ESPE se
  mobilisent depuis septembre. Des AG ont été organisées dans au moins
  une douzaine d’entre elles le 12 novembre, associant les personnels et
  les étudiant-es et stagiaires, à l’appel d’une intersyndicale
  nationale (dont SNESup, SNCS et SNEP). Le SNUipp vient de décider de
  participer à la mobilisation. Pour faire obstacle à la réforme
  gouvernementale, celle-ci doit d’urgence s’amplifier. ●
MARY DAVID
