A la crise politique, économique et sociale s’ajoute désormais une « crise migratoire » sans précédent. Chassé-es par les guerre en Syrie, en Irak ou en Érythrée, fuyant ces pays ou d’autres, la survie passe pour eux par l’Europe. C’est, selon l’OCDE, le chiffre d’un million de demandeurs d’asile qui pourrait être atteint d’ici la fin de l’année 2015 en Europe.
« Europe-forteresse »
Après l’été meurtrier où plusieurs milliers de personnes ont péri en Méditerranée, c’est à une crise humanitaire gigantesque à laquelle peut et doit faire face une Europe-forteresse où les Etats se sont lancés dans la course à celui qui en fera le moins !
Discussions kafkaïennes avec la mise en œuvre d’une politique de quotas de la honte.
Ainsi, l’Union européenne déciderait de se répartir 120 000 migrant-es sur l’ensemble de son territoire alors qu’ils sont déjà plus de 440 000 à avoir rallié le continent depuis le début de l’année… Pour la France, un chiffre tombé du ciel de 24 000 personnes à accueillir…
Pendant ce temps-là, Schengen explose.
Les petits arrangements pris par les uns et les autres amènent à une suspension de fait :
douaniers français qui refoulent les migrants à la frontière italienne et utilisent force et violence à Calais, bloquant l’accès à la Grande-Bretagne, mise en place d’une clôture barbelée de 175 km en Hongrie, projet entre Hongrie et Roumanie, renforcement de la surveillance aux frontières en Slovaquie, rétablissement des frontières en Allemagne, …
La sortie de Schengen, thème privilégié de la campagne du FN lors des dernières élections européennes, est reprise ces derniers jours par les leaders de droite en France, alors que la notion de libre circulation des biens et des personnes n’est plus réellement défendue par les gouvernants « de gauche ».
« Europe solidaire »… avec les nantis !
Alors qu’il est urgent de tordre le cou aux idées nauséabondes de l’extrême-droite xénophobe attisant les peurs face à une supposée invasion, nous sommes confronté à l’égoïsme sans faille des différents gouvernements européens, pour qui l’accueil des migrant-es pourrait être possible en fonction des intérêts des uns et des autres.
Dehors les inutiles !
C’est cette même logique qui est appliquée à la Grèce qui subit les politiques d’austérité imposées par ses voisins alors qu’elle est aujourd’hui la principale porte d’entrée des migrant-es, sans avoir les moyens de les prendre en charge dignement, et que l’UE a contribué à plonger sa population dans une détresse économique et sociale sans précédent…
La Grèce est mise à genoux par les Etats européens et la Troïka avec l’acceptation du 3ème mémorandum, et ce malgré le non massif au référendum du début de l’été qui avait pourtant apporté un vent d’espoir pour les peuples de gauche partout en Europe…
La Grèce, où les élections du 20 septembre se seront déroulées dans un climat maussade et auront vu se développer une forte abstention. Élections au goût amer…
Le message envoyé par les chantres du capital et de la finance est limpide : celui d’un déni de démocratie, adressé à tous les opprimés.
Le mouvement social doit, peut se réveiller et s’organiser pour résister et combattre face aux politiques d’austérité, responsables de la misère humaine.
Une autre répartition des richesses est possible qui passe par la solidarité et la construction d’un nouveau modèle de société. ●
Judith Fouillard