La crise sans fin met au défi le syndicalisme. En France, il est particulièrement mis en difficulté, et divisé, depuis la présidence Hollande. Des luttes significatives ont pourtant eu lieu ces derniers mois.
Avec l’accentuation du cours libéral du gouvernement Valls2, comment le mouvement syndical va-t-il réagir s’il veut (re) trouver l’écoute des salarié-es ?
En mars dernier, dans une adresse de l’éé, nous avions souligné qu’avec le pacte de responsabilité, Hollande avait franchi un nouveau palier de reniements.
Mais ces dernières semaines ont montré que Hollande/Valls veulent aller plus loin. Ce gouvernement Valls2 annonce déjà, sous les vivats du MEDEF, les prochaines attaques et tout y passe dans la reprise textuelle des revendications patronales !
Ce discours pro patronal décomplexé et ces attaques vont-ils sortir le mouvement syndical de son marasme, notamment à l’occasion du débat sur le budget ?
Il est chaque fois plus urgent de sortir de l’impasse qui non seulement dévalue le rôle social des syndicats mais les met dos au mur face au gouvernement et au patronat.
Dans l’adresse de l’éé, nous disions : « L’heure est au rassemblement des forces sociales et citoyennes qui rejettent sans ambiguïté les politiques d’austérité… ».
Nous avons dans ce sens participé à la marche du 12 avril « Maintenant ça suffit, marchons contre l’austérité, pour l’égalité et le partage des richesses »
(à laquelle les directions de la CGT et de la FSU n’ont pas appelé malgré l’implication d’un certain nombre de leurs structures…). Cette initiative réussie est toutefois insuffisante.
La parole nationale des syndicats a été peu audible, pour ne pas dire silencieuse dans le mouvement des cheminots et celui des intermittents et précaires, alors que nous savons que la convergence et la solidarité entre salarié-es sont des éléments essentiels dans la période.
Les inquiétudes sur le mouvement syndical, que nous portons dans la FSU, sont aussi relayées, ce qui est quasiment inédit à cette échelle, dans la CGT (encart).
Il nous faut penser stratégiquement, donc comprendre la logique politique de nos ennemis (parmi lesquels il faut ranger le gouvernement…) qui vise à détruire les acquis sociaux, mais surtout la légitimité du mouvement social lui-même. Faire de la stratégie signifie mettre au centre de nos préoccupations, de notre activité, la reconstruction du rapport de forces, la définition d’un parcours basé sur des initiatives de luttes, de convergence et de solidarité pour y arriver. Le syndicalisme doit être l’outil qui permette l’expression de luttes et solidarités, de construction d’espaces publics, dans l’unité et la diversité.
Il faut construire à la fois les mobilisations syndicales nécessaires avec les salarié-es et les convergences avec toutes les forces (y compris politiques) qui veulent s’opposer à la politique austéritaire du gouvernement.
L’affirmation d’un cadre pérenne serait une bonne chose pour cela. Nous sommes disponibles ! ●
Sophie Zafari