« Comment mieux structurer les différents temps de la vie quotidienne des enfants afin qu’ils soient plus favorables à leurs apprentissages, à leur développement et à leur santé ? ». C’est avec cette question que Bayrou a lancé la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant. Affirmant une nouvelle fois, avec la référence exclusive aux neurosciences et aux travaux des chronobiologistes, une approche biologisante des questions scolaires, le gouvernement entendait ériger un écran de fumée devant les critiques de plus en plus massives de la politique éducative menée ces dernières années,. Et ce pour persister dans le refus de traiter des vrais problèmes de l’école que sont des conditions de travail délétères et des conditions d’apprentissages inégalitaires, mais aussi des autres temps de l’enfant, péri et extra scolaires, où les inégalités sociales et territoriales battent leur plein.
Les premiers indices des travaux de la Convention montrent qu’elle est restée enfermée dans les coordonnées de la lettre de saisine. C’est d’abord l’organisation temporelle des différents temps de l’enfant qui est traitée, alors que les comparaisons internationales ne montrent son absence d’effet sur la lutte contre les inégalités. La place des « fondamentaux » risque d’être augmentée et d’autres disciplines tel que l’EPS ou les Arts externalisées. . Enfin, il n’y a à ce jour que peu de garanties que les PEDT nouvelle génération échappent au risque inégalitaire, qu’il soit social ou territorial.
Traiter des inégalités nécessite de les regarder en face : même avec les mêmes horaires, les temps de l’enfant ne sont pas les mêmes selon l’origine sociale. La sociologie des apprentissages nous éclaire sur les mécanismes de ségrégation des acquis scolaires pendant le temps de classe, exacerbés par les politiques éducatives de ces dernières années. La sociologie de la jeunesse éclaire les pratiques culturelles différenciées dans le temps extra-scolaire, inégalement productives pour la réussite scolaire, et ce d’autant plus que les fonds alloués aux associations d’éducation populaire ont dramatiquement baissé et que celles-ci sont soumises aux volontés politiques locales.
Sans s’intéresser à ce qui se passe dans ces différents temps, sans rupture avec les politiques éducatives menées ces dernières années, sans transformation des métiers de l’éducation et amélioration de leurs conditions d’exercice, sans renforcement des mouvements d’éducation populaire, point de salut.
C’est cela que nous devons porter dans la période : affirmer dans le même temps un refus d’une dégradation du métier et notre volonté de transformer l’École pour plus d’égalité. Mettre en avant notre 18+3, qui permet à la fois une réduction du temps de travail, un exercice du métier plus collectif, et un renforcement de la professionnalité à même de favoriser la lutte contre les inégalités. La baisse démographique ouvre une fenêtre d’opportunité.
L’instabilité politique ne permet pas de savoir si la volonté de déployer les premières mesures issues de la convention à la rentrée 2026 est toujours d’actualité, ou si l’horizon est celui des présidentielles. Il nous faut donc inscrire notre combat de transformation de l’École dans un temps long et pour cela construire, (reconstruire ?) des alliances. Avec l’intersyndicale, les parents d’élèves, pour porter la rupture avec l’École sous Macron, pour plus de moyens pour l’École afin de transformer nos métiers. Avec les associations d’éducation populaires et défendre avec elles, un service public des temps péri et extra-scolaires, et un budget pour l’enfance à même d’être agissant sur les inégalités sociales et territoriales.
