Un mouvement d’insurrection populaire fait plus que secouer le Népal ces dernières semaines : incendie du Parlement, intervention de l’armée, ministres battus dans la rue, personnalités politiques et membres de leurs familles tué·es…
Cette situation est le fruit d’un système corrompu. Après l’abolition de la monarchie en 2008, la constitution de 2015 devait mettre un terme au « féodalisme » ambiant. Mais le Parti communiste au pouvoir a fait du népotisme la règle.
Les vidéos de leur richesse indécente, postées sur les réseaux sociaux par les enfants de cette nomenklatura oligarchique, ont profondément choqué la jeunesse népalaise : chaque année, 100 000 jeunes quittent le pays faute de perspectives.
Plutôt que de comprendre le vent qui soufflait dans son pays, et malgré des signaux comme l’élection municipale de 2022 à Katmandou, le pouvoir a choisi de bloquer l’ensemble des réseaux sociaux qui sont utilisés par tou tes les Népalais es pour communiquer, y compris avec leurs familles parties à l’étranger. Face à ce geste autoritaire et brutal, et une situation économique très incertaine, la jeunesse est massivement descendue dans la rue pour réclamer la liberté de communiquer. Mais en réalité, surtout pour remettre en cause le système et les partis politiques, à commencer par celui au pouvoir.
Au lieu de comprendre la profondeur de la colère, le Premier ministre a choisi une répression brutale quasi dictatoriale en donnant l’ordre de tirer sur la foule : 19 personnes ne s’en relèveront pas !
Conséquence de cette répression, des journées d’émeutes durant lesquelles le Parlement et la résidence du Premier ministre démissionnaire ont été incendiés, des ministres pourchassés et frappés dans les rues, leurs familles ciblées… Suite à ces événements, l’armée a pris provisoirement le contrôle du pays, imposant un couvre-feu ; une nouvelle Première ministre, non issue des partis corrompus, a été nommée.
Rien n’est donc clos et les questions d’auto-organisation de la lutte, de débouchés politiques au soulèvement en cours existent.
Au Népal, comme en Indonésie ou aux Philippines, la jeunesse d’Asie du Sud-Est exprime ses aspirations de justice et de liberté.