Un congrès de la FSU-SNUipp engagé et combatif

PAR L’ÉQUIPE NATIONALE ÉÉ FSU-SNUIPP

Le 13° Congrès national de la FSU-SNUipp s’est tenu en juin à Aix-les-Bains dans un contexte marqué par la montée de l’extrême droite, des régimes autoritaires, des conflits armés et par l’aggravation des crises écologiques, sociales et démocratiques. Les services publics et particulièrement l’école sont violemment attaqués par des politiques austéritaires et inégalitaires qui invitent à des évolutions majeures de l’outil syndical. Ce congrès a permis d’avancer en partie sur ces transformations et de conforter un positionnement offensif de la FSU-SNUipp.

Le congrès a abouti à un texte fort pour mobiliser contre les politiques scolaires nuisibles, particulièrement aux élèves des classes populaires. En réaffirmant les mandats historiques comme la déconnexion du temps de travail enseignant et du temps de classe et en soutenant la création de collectifs locaux de résistance pédagogique, la FSU-SNUipp affirme ainsi qu’une autre école est possible.

La caractérisation des évaluations nationales standardisées, pilier du pilotage pédagogique et du triomphe des indicateurs, est satisfaisante. Reste la question du mot d’ordre de mobilisation – dont le boycott – qui relève de la stratégie syndicale pour lutter contre cet outil managérial délétère et continuer la mobilisation pour sa suppression.

Enfin, concernant la formation initiale, la FSU-SNUipp s’est dotée d’un mandat d’étude sur les contenus du concours tout en affirmant son opposition à certaines mesures comme l’engagement à servir quatre ans.

Pour un service public d’Éducation émancipateur

Les politiques néolibérales successives ont détérioré la fonction publique, dont l’action est basée non plus sur des missions de service public, mais sur une gestion déshumanisée à coup du tout-évaluation, d’indicateurs chiffrés et de moyens faméliques. Le congrès a pu réaffirmer notre condamnation de ce système, la nécessité d’un fonctionnement démocratique de l’école et la place centrale des collectifs de travail, et donc du conseil des maîtres-ses avec un-e directeur-ice pair-e parmi ses pair-es.

Le positionnement contre le tout-sécuritaire donne un appui solide pour les mandatements à venir. De même a été réaffirmée la nécessité de continuer à travailler sur la taille des écoles, à poser des exigences pour l’éducation prioritaire comme pour l’école rurale, à avancer par étapes vers notre mandat de nationalisation des écoles privées sans indemnité ni rachat, à penser le bâti scolaire sous l’angle des exigences liées à l’urgence écologique.

Enfin, la partie des textes sur l’école inclusive a permis de dénoncer le sous-investissement chronique dont elle souffre et de réaffirmer notre opposition aux pôles d’appui à la scolarité (PAS) dont nous demandons l’abandon.

Droits des personnels : se donner des perspectives

Le travail d’amendement et d’intervention des sections a permis des avancées, notamment sur les questions de l’égalité professionnelle, de la prévention et du traitement des violences sexistes et sexuelles (VSS) comme celles concernant la santé des femmes où un risque de régression était bien présent et a pu être évité.

L’opposition à la classe exceptionnelle, aux Pial et PAS, a pu être renforcée, tout comme les droits des AESH/APSH. L’introduction d’un paragraphe concernant les droits des personnels LGBTQIA+ fait progresser nos mandats sur les droits des personnels trans.

Restent à mener deux chantiers majeurs sur la question de la transformation de l’indemnitaire en indiciaire ainsi que sur la préservation de nos mandats sur les retraites dans la perspective du prochain congrès fédéral.

Construire un syndicalisme qui transforme l’école et la société

Globalement, les mandats de la FSU-SNUipp sortent renforcés. Néanmoins, il demeure certains points de vigilance.

Il n’a pas été possible d’avancer autant que souhaité sur une sortie des GAFAM pour nos outils internes. L’ÉÉ continuera le travail de conviction pour des solutions libres.

Sur les questions féministes, un travail de conviction interne doit se poursuivre sur la nécessité des réunions en non-mixité. De même, il sera nécessaire de veiller à ce que le guide sur les usages du langage égalitaire devienne une réalité. Plus globalement, le travail au long cours sur l’égalité professionnelle et les violences faites aux femmes doit se poursuivre dans la perspective de la construction de la grève féministe. L’attribution de moyens de fonctionnement à la cellule VSS doit devenir une réalité.

Les débats ont permis de faire évoluer positivement notre positionnement sur le rapport au politique, même s’il nous faut encore avancer.

Enfin, la FSU-SNUipp devra investir davantage les débats fédéraux, notamment ceux concernant la maison commune, qui existe déjà dans plusieurs cadres communs et qu’il faut à présent faire vivre.

AESH

La présence renforcée des AESH lors de ce congrès a été remarquée et a permis à la fois d’avancer dans la transversalité du traitement des questions les concernant, et dans la réaffirmation de la nécessité d’avancer sur les mandats concernant leur métier, en particulier dans le cadre du chantier métier et du travail sur le référentiel métier AESH. Par ailleurs, la volonté est affirmée de laisser les AESH être les protagonistes de la construction de leur professionnalité et de leur syndicalisme.

Texte action : une projection dans la mobilisation sur le budget !

Les débats ont permis d’aboutir sur un texte action offensif qui fait de la construction de la mobilisation contre un budget d’austérité l’élément central de la rentrée. Appel au blocage des évaluations nationales, poursuite de la campagne sur l’école inclusive « pour déboucher sur une mobilisation », lutte pour obtenir un statut d’AESH, pour de meilleurs salaires, pour l’égalité professionnelle, pour une rénovation écologique du bâti scolaire, contre les discrimination et l’extrême droite… Tout cela implique de« construire les fronts de résistance au plus près du terrain afin de porter un autre projet pour l’école et pour une société plus juste, plus solidaire, plus écologique, plus féministe. »

Une ÉÉ qui pèse dans le congrès

L’ÉÉ a préparé le congrès et, forte de cette préparation, a pesé dans les débats. C’est le fruit d’un travail collectif d’élaboration, d’échanges horizontaux qui ont permis de faire un vrai « commun », ce qui est notre marque de fabrique.

Les discussions, interventions et échanges étaient de grande qualité tant dans l’analyse politique que dans la forme. Nous œuvrons toutes et tous à construire une orientation pour la FSU-SNUipp en étant force de proposition et de construction pour les trois ans à venir.

Cependant, nous avons senti un déficit de réflexion du congrès (ou de l’ÉÉ ?) autour du rapport au politique, mais aussi sur des questions plus « corporatistes », et, en conséquence, une moindre projection du syndicat sur ces sujets pour les trois ans à venir. Cet affaiblissement politique est inquiétant. Il provoque des replis corporatistes, avec parfois des réflexes d’affirmation du fait majoritaire rendant la synthèse plus difficile à trouver. Cette perte des connaissances du commun de la FSU-SNUipp et de son histoire renforce la nécessité de faire vivre le secteur formation, les formations et plus largement tout espace de réflexions et d’élaborations communes.

La force de l’École émancipée a été dans sa capacité à alimenter les réflexions, à participer de l’actualisation et du renforcement des mandats, en mettant en avant une analyse politique de la situation tout en restant résolu·es sur les cadres unitaires et la nécessité d’instruire les mobilisations. L’affirmation de cette force devra être transformée lors du vote d’orientation qui aura lieu en novembre/décembre.

Blandine Turki quitte le secrétariat général au titre de l’ÉÉ ; elle est remplacée par Sandrine Monier. Nous les remercions pour leur engagement !