Poursuivre la lutte contre le budget austéritaire

Avec 250 000 manifestant·es dans toute la France, La journée du 10 septembre constitue indéniablement une réussite qui a d’ors-et-déjà pesé sur la ligne gouvernementale avec l’annonce de l’abandon de la mesure de suppression de deux jours fériés. Au-delà du bilan quantitatif, ses modalités de construction, avec la place prise par des assemblées générales substantiellement investies notamment par la jeunesse, est un élément saillant et particulièrement intéressant par sa dynamique d’auto-organisation pour la poursuite de la mobilisation.

La journée du 18, à l’initiative de l’intersyndicale, s’annonce comme une deuxième journée grosse journée de mobilisation. Elle appelle évidemment des suites, pour obtenir un budget en rupture avec les logiques austéritaires et inégalitaires.

L’élaboration précise du plan d’action se heurte toutefois à un certain nombre d’inconnus. D’abord le niveau de mobilisation dans notre champ qui s’il débouche d’ors-et-déjà sur une grève majoritaire ou sur un grève en-deçà, n’implique pas le même travail de terrain. Ensuite la situation d’incertitude politique entre gouvernement non nommé, mesures précises du PLF encore soumises à arbitrage et calendrier de vote incertain, caractérisée toutefois par une mise à nue de la lutte des classes, avec un MEDEF prêt à appeler à des manifestations si les impôts sur les entreprises étaient relevés et une droite arc-boutée contre la mise à contribution des plus riches.

Cette situation, si elle n’est pas simple, invite à tout sauf à l’attentisme.

Il s’agit en effet tout à la fois de massifier la mobilisation dans notre champ sur la base de nos revendications de moyens pour le service public d’Éducation, de construire des cadres d’action permettant la convergence entre le mouvement syndical et le mouvement issu du 10 septembre, plus hétérogène (dont le syndicalisme n’est pas absent), tout en oeuvrant à une compréhension plus politique du fait que ce budget est emblématique du fait que les riches ont fait sécession et entendent nous faire payer leur crise. Ce sont les conditions d’une mobilisation de haut niveau inscrite dans la durée.

Des mobilisations de ce type ont déjà eu lieu par le passé. Un de leurs marqueurs est la forte implication de ses actrices et acteurs: « Les gens participent dans la mesure où ils comprennent – mais ils comprennent aussi dans la mesure où ils participent. Il y a une dialectique entre les deux. (…) Lorsque les gens comprennent la stratégie parce qu’ils ont contribué à la concevoir, alors ils s’impliqueront davantage sur le long terme, poussés à remporter des victoires plus significatives.»

Cet élément doit aiguiller notre travail de terrain, qui ne peut se cantonner à un travail d’information qui verrait sa concrétisation dans la réponse aux appels à mobilisation. Il nous faut oeuvrer à la constitution de collectifs locaux de personnels de l’éducation à même:

  • d’incarner par des revendications locales nos mots d’ordre sur le budget

  • de faire leur un discours expert sur les grands enjeux budgétaires (mirage de la dette, budget d’affrontement de classe)

  • de populariser ces analyses auprès des parents d’élèves, et plus largement

  • d’élaborer des mobilisations locales (députés, IEN, tractage…)

  • de rencontrer d’autres cadres d’organisation dans d’autres champs professionnels, ou issu du 10

C’est sur ce type de terreau que nous pourrons garantir la réussite des futures journées de mobilisation nationales, leur intensification, pour obtenir un budget de rupture. Cela passe bien évidemment par un appel à une nouvelle journée de grève, début octobre lors de l’ouverture des débats parlementaires.