Le congrès national s’est tenu début juin à Angers dans un contexte où l’enseignement supérieur est fragilisé. Les dysfonctionnements dans le syndicat ne lui permettent pas de proposer des orientations combatives.
PAR les membres ÉÉ-PSO du BN du Snesup-FSU.
Le Snesup-FSU tient son congrès d’orientation tous les deux ans, précédé d’un vote d’orientation dont les résultats montrent, pour 2025, des équilibres peu modifiés. La tendance Action syndicale (AS), qui se reconnaît dans Unité & Action au niveau fédéral, obtient 52,7 % des suffrages (52,2 % en 2023), la motion d’orientation École émancipée — Pour un syndicalisme offensif (ÉÉ-PSO) obtient 32,1 % (29,8 % en 2023). Agir-Pour un syndicalisme de lutte passe de 14,7 % en 2023 à 11 % cette année. Enfin, Pour un syndicalisme de combat (PSC) obtient 4,2 % (3,6 % en 2023).
Si les équilibres ne sont pas bouleversés, le nombre de suffrages a diminué, en écho à la baisse du nombre de syndiqué·es. Avec PSC, ÉÉ-PSO est la seule tendance qui progresse (légèrement) en voix, tandis que les voix AS baissent nettement. La majorité continue donc à perdre du terrain.
ÉÉ-PSO conforte clairement sa place dans le syndicat, et ce d’autant plus que, comme les années passées, les votes en section nous sont encore plus favorables. C’est avec les votes par correspondance, notamment des retraité·es, qu’AS retrouve la majorité absolue.
Cette fragilisation de la majorité a posé d’importants problèmes de fonctionnement lors du dernier mandat. Focalisé sur le contrôle de l’appareil, AS a mis beaucoup d’énergie à empêcher le travail des autres militant·es.
Ces dysfonctionnements ont des conséquences politiques. Des secteurs clés, comme droits & libertés, ne se réunissent pas, des questions comme l’urgence écologique sont évacuées des débats. Pourtant, ÉÉ-PSO continue de jouer un rôle central dans le travail militant quotidien et dans la construction de l’orientation du syndicat.
C’est dans ce contexte syndical que s’est tenu le congrès d’Angers, ainsi que dans un paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche très fragilisé. La précarisation du supérieur est très avancée : plus de la moitié des collègues sont désormais non titulaires. Les budgets publics, déjà très insuffisants au regard de l’augmentation des effectifs étudiants, sont fortement rognés. La concurrence du privé est très rude, Parcoursup et le sous-investissement public ayant ouvert grand la porte à la création d’un marché du supérieur. Enfin, même si la situation n’est pas aussi grave qu’aux États-Unis, les chercheur·es sont de plus en plus souvent mis·es en cause pour leurs sujets de recherche. Cela passe notamment par la criminalisation des mouvements en soutien à la Palestine sur les campus.
La « maison commune » discutée
Dans ce contexte, le congrès a été l’objet de débats de fond utiles, mais n’a pas permis de déboucher sur des mandats très offensifs, contrairement aux derniers congrès dans lesquels ÉÉ-PSO avait obtenu de nettes avancées sur la situation des précaires et sur la prise en compte de l’urgence climatique et environnementale.
Alors qu’AS avait jusqu’ici toujours refusé que le moindre débat ait lieu avec les syndiqué·es, un point de l’ordre du jour du congrès a été consacré à la « maison commune ». Les débats ont montré une forte adhésion au projet de recomposition et une conscience de sa nécessité chez une partie des congressistes, en particulier celles et ceux proches de l’ÉÉ, mais les plus ancien·nes militant·es AS ont, au contraire, témoigné d’une très forte résistance, liée notamment à leur objectif de conquérir les présidences d’université, ce qui est plus difficile avec la CGT.
L’appel du congrès adopté à une très large majorité comprend une part importante consacrée à la Palestine, sur proposition d’ÉÉ-PSO, avec la caractérisation de la guerre coloniale et l’invitation à cesser les collaborations institutionnelles avec les universités israéliennes.