La FSU tenait à Poitiers son 7ème congrès dans un contexte politique particulier : en vingt années d’existence, dont les 10 dernières passées sous une droite dure qui a laissé le mouvement social en lambeaux, c’est la seconde fois que la FSU a à faire face à un pouvoir « de gauche ». Après 9 mois de gouvernement Hollande, social-libéral et austéritaire, l’enjeu de ce congrès était bien d’en finir avec les atermoiements et de s’engager résolument dans la contestation de politiques gouvernementales dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne rompent guère avec les précédentes.
Du point de vue des textes adoptés, c’est un congrès positif, qui marque une inflexion salutaire, y compris sur le terrain interprofessionnel, où, face à la montée en puissance d’un syndicalisme d’accompagnement des contre-réformes libérales, la FSU assume son engagement pour un syndicalisme de lutte et de transformation sociale. C’est le cas avec l’appel à la mobilisation le 5 mars contre l’ANI, mais aussi avec l’opposition réaffirmée à une nouvelle phase de décentralisation telle qu’elle est annoncée par le gouvernement Hollande, ou encore le renforcement des mandats sur les questions écologiques. Le bât blesse sur le terrain de l’éducation où les ambiguïtés d’analyse de la loi Peillon phagocytent les capacités d’initiatives, mis à part l’appel à une manifestation nationale très “identitaire” et peu lié à une dynamique de mobilisations.
L’enjeu d’une orientation offensive et porteuse d’alternatives est important tant du point de vue de la participation active de la FSU dans les mouvements sociaux à venir, que de sa place et sa représentativité dans le champ syndical.
Mais bien évidemment, tous les autres problèmes ne sont pas levés. La crise du fédéral, en particulier, n’a pas trouvé de sortie par le haut à ce congrès et la FSU continue de se vivre comme un cartel de syndicats nationaux plus que comme une fédération. Pis, elle se vit encore beaucoup trop comme un cartel de syndicats de l’éducation, dominés, qui plus est, par les deux « gros », laissant dans l’angle mort tous les autres, en particulier les « hors éduc », dont la réalité et les problématiques sont peu reconnues. Aussi, après trois dernières années où les syndicats nationaux ont souvent voulu faire cavaliers seuls, où les divergences entre eux se sont parfois révélées publiquement, la tentation était grande chez certains de vitrifier les positions dans des textes préparatoires jugés indépassables car représentant le point d’équilibre entre U&A Snes et U&A Snuipp. L’EE a, comme d’habitude, combattu cette tentative de glaciation « a-fédérale », rejoignant en cela nombre de sections départementales, dont les congrès ont souvent beaucoup travaillé les textes, et de « petits » syndicats.
Globalement, les textes soumis au congrès ont donc été améliorés, souvent de façon significative. Nous revenons ci-dessous sur le bilan de chacun des 4 thèmes. Là encore, l’EE y a pris toute sa part, même s’il n’est pas toujours évident d’articuler le nécessaire travail de synthèse pour des mandats les plus offensifs et pertinents possibles et la non moins nécessaire confrontation sur les divergences de fond les plus essentielles à nos yeux.
Les mandats adoptés, à plus de 90% à chaque fois, au delà de certaines limites, sont des points d’appui importants pour les 3 années qui viennent. Il nous faut les faire vivre partout où nous militons, dans nos syndicats comme dans nos sections départementales ou conseils fédéraux régionaux, pour que la FSU prenne toute sa place dans les mobilisations des prochains mois et soit à la hauteur des ambitions qu’elle affiche.
Marie Cécile Périllat