Les enjeux du congrès thème par thème

Les textes sont organisés en4 thèmesaux quels s’ajoutent des zooms sur des questions spécifiques.

Thème 1 – Pour une école émancipatrice

Comme à chaque congrès, ce thème fait l’objet de nombreux amendements. Les premiers congrès départementaux qui se sont tenus montrent des avancées dans le texte du point de vue de l’ÉÉ, mais aussi des absences et des risques de recul.

Parmi les avancées, les nombreux amendements sur les inégalités scolaires contribuent à mettre en évidence le caractère systémique des inégalités. L’existence d’inégalités ethnoraciales ou le caractère raciste du fonctionnement du système éducatif aujourd’hui, points absents du texte, doivent être abordés. De même, le paragraphe sur l’éducation à la vie affective et sexuelle fait l’objet de nombreuses remontées qui défendent sa mise en place avec un programme national ambitieux et plus complet. Les amendements visant à défendre la liberté pédagogique sont nombreux. La liberté pédagogique des enseignant·es est menacée par des pressions croissantes provenant de la hiérarchie (chef·fes d’établissement, inspecteur.ices), des parents et par la labellisation des manuels scolaires. Ces facteurs, en lien avec les nouveaux programmes en cours d’écriture, risquent d’uniformiser les pratiques et de réduire l’autonomie des enseignant·es, renforçant la logique standardisante et certificative actuelle.

En revanche, peu de remontées concernant la construction d’un lycée véritablement unique, au-delà de la seule classe de seconde, dans la perspective d’un lycée véritablement commun. Les amendements rappelant l’exigence de suppression de Parcoursup, de la réforme du bac général et technologique et de celles du bac pro sont des points d’appui. Cependant, alors que le thème dénonce à de nombreuses reprises les inégalités scolaires, il se contente de critiquer la concurrence du privé sans en tirer de conséquences sur la structuration des formations ni sur la concurrence entre les voies et entre les filières. Cela s’articule évidemment avec la conception de l’accès aux études supérieures: la contribution décisive des classes préparatoires (CPGE) et des autres filières élitistes (prépa intégrée, doubles licences dans certaines universités, etc.) aux inégalités est niée. Or, les CPGE, implantées dans de nombreux lycées renommés, favorisent principalement les étudiant.es issu.es de milieux favorisés, leur offrant un accès privilégié aux grandes écoles et, par conséquent, aux meilleures opportunités professionnelles. Ce fonctionnement sélectif, qui repose sur des ressources inégales et un environnement de soutien souvent inaccessible pour les élèves des milieux défavorisés, contribue à creuser le fossé entre les différentes catégories d’étudiant.es. Par conséquent, il est crucial de remettre en question l’existence de ces CPGE dans le cadre d’une réforme visant à garantir une réelle égalité.

Enfin, peu de départements ont amendé la partie qui concerne le recrutement et la formation des enseignant.es, l’accord sur la caractérisation des risques de la réforme annoncée (mais repoussée) a été difficile à trouver. Pour l’ÉÉ, qui défend le recrutement à la licence suivi d’une formation de master rémunérée, les risques sont principalement liés à la désuniversitarisation de la formation et à la volonté de «former» des enseignant.es aux ordres et tout juste à même d’appliquer des recettes pédagogiques venues d’en haut. Nous défendons également un réel non-décrochage entre premier et second degré, c’est-à-dire un niveau de recrutement, une architecture et une institution de formation communs.

Thème 2 – Urgence pour des services publics renforcés

Les services publics (SP) et la fonction publique (FP) ne sont généralement pas source de désaccords forts dans la FSU. L’introduction souligne le lien entre la réduction de la présence physique des SP et la montée du vote RN, ainsi que la nécessité de plus de justice fiscale pour rétablir des SP répondant aux besoins de la population sur tout le territoire.

La première partie pointe la continuité des politiques néolibérales de dégradation des SP depuis le congrès de Metz, ainsi que le rôle majeur des SP dans la prévention du changement climatique et dans l’adaptation socialement juste à ses effets. Les attaques contre les SP sont analysées sous le prisme des logiques comptables et managériales au détriment de la satisfaction des besoins de la population. Les premiers retours des congrès départementaux montrent une réaffirmation forte des mandats de création des SP de l’autonomie et de la santé, mais sans propositions de modalités concrètes d’organisation permettant de préciser ces mandats, ce qui semble confirmer que la réflexion sur ces sujets doit s’approfondir encore dans la FSU. Sur les questions posées aux SD dans le texte, concernant les formes de luttes en faveur des SP, certaines SD proposent un cadre de débat permanent avec les organisations politiques, en dehors des périodes de luttes pour faire avancer la réflexion et la construction du rapport de forces, ce qui devrait être sujet à débat dans le congrès. De même, la nécessité affirmée par une SD au moins de prendre en compte que la FP n’est pas épargnée par la progression des idées de l’extrême droite et que ses agent.es peuvent avoir des comportements discriminatoires que la FSU se doit de dénoncer, sera probablement un point de discussions nourries.

La deuxième partie balaye l’ensemble des droits des personnels. Les attaques contre le statut des fonctionnaires sont une constante des différents gouvernements Macron. L’instabilité politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale a bloqué les réformes, mais le maintien, imposé par Macron, de l’orientation politique des divers gouvernements ne laisse aucun espoir d’amélioration des projets pour la FP. Cette situation a motivé la mise en avant dans les textes de l’importance du statut de fonctionnaires et la volonté de le défendre face à une contractualisation accrue. Les premiers retours des congrès des SD montrent que cette question y est abondamment traitée et, comme les amendements ne vont pas tous dans le même sens, on peut gager que ce point sera comme à l’accoutumée un sujet de débats importants dans le congrès. Les autres retours portent pour l’essentiel sur le renforcement des mandats concernant les questions de retraite et retraite progressive, de temps de travail, sur la prise en compte et la prévention des risques psycho-sociaux et les questions d’égalité professionnelle. Un certain nombre de SD ont voté la revendication d’une augmentation uniforme de 100 points d’indice (au lieu de 70 dans le texte initial), ce que l’ÉÉ approuve, mais qui fera probablement l’objet de discussions nourries, en particulier car certains SN n’ont pas encore ce mandat. Enfin, beaucoup de SD ont procédé à des amendements sur les questions de protection sociale et prévoyance, dénotant une volonté renforcée d’actions de la FSU pour faire avancer son mandat du 100 % Sécu, et montrant l’importance que ce sujet devrait avoir dans les débats du congrès.

Thème 3 – Pour la justice sociale, l’écologie, la paix, l’égalité!

Ce thème approfondit les critiques d’un système capitaliste qui, guidé par la recherche effrénée du profit, engendre catastrophes écologiques, guerres, violences sociales et discriminations. Il permet aussi à la FSU de porter son projet de transformation sociale en actualisant ses alternatives écosociales, solidaires et émancipatrices.

La première partie pointe l’accumulation des rapports alarmants sur le dérèglement climatique alors que les décisions politiques sont indigentes. La situation exige de conjuguer écologie, rupture avec le productivisme capitaliste, lutte contre les inégalités et solidarité internationale. Le système productif doit bifurquer, et cela ne peut se faire sans les premier·es concerné.es. Ainsi les enjeux de démocratie au travail pour construire la rupture écologique et sociale sont cruciaux : notre syndicalisme doit se battre pour l’instauration d’un réel pouvoir décisionnel des salarié.es sur la nature de la production et les conditions de celle-ci.

L’approfondissement des inégalités fragilise l’ensemble du corps social: une autre répartition des richesses est urgente. La protection sociale est durement attaquée, alors même qu’elle est indispensable pour la cohésion sociale. Nous devons tout à la fois défendre l’existant et gagner de nouveaux droits dont le 100 % sécu. Par ailleurs, les dynamiques défendant une sécurité sociale de l’alimentation sont de formidables opportunités pour une réappropriation des principes démocratiques de la sécu, tout en articulant impératif de justice sociale et nouveau modèle de production de notre alimentation.

La deuxième partie débute sur une situation internationale marquée par les guerres et la montée des mouvements autoritaires, face à laquelle le syndicalisme doit garder pour boussole l’internationalisme et la défense des droits humains.

En Palestine, l’ONU qualifie les exactions israéliennes de crimes de guerre et contre l’humanité. Amnesty International a publié une enquête référence documentant un génocide en cours à Gaza. Ces qualificatifs juridiques, fruits d’enquêtes expertes, montrent l’ampleur dramatique de la situation. Ils obligent la FSU à nommer ce qui se passe à Gaza et à être partie prenante du mouvement de solidarité.

De la même façon, les luttes contre les discriminations et pour les droits ne pourront se mener qu’en analysant et en caractérisant les phénomènes et les réalités vécues, avec l’appui des sciences sociales. Cela nécessite d’utiliser le vocabulaire adéquat pour les qualifier: islamophobie, racisme systémique… C’est la seule voie pour créer les ponts nécessaires et construire les luttes avec les premier.es concerné.es.

D’autres chantiers restent à creuser, notamment la question institutionnelle d’une Ve République à bout de souffle. À ce titre, une évolution de notre mandat sur le droit de vote des étranger.es à toutes les élections montrerait, particulièrement dans cette période xénophobe et raciste, une unité de notre camp social quelles que soient nos origines et nationalités.

Zoom femmes – Se donner les moyens de mobiliser

Il aborde plusieurs thématiques: montée de l’extrême droite, solidarité internationale, violences, place des femmes, santé, IVG… Un panorama complet dont l’enjeu réside plutôt dans les moyens que se donne la FSU pour faire en sorte que les personnels s’emparent de ces questions et s’engagent dans les mobilisations et notamment la grève féministe.

Thème 4 – L’avenir du syndicalisme – un chantier décisif

Les grands mandats de la FSU concernant le nouvel outil syndical comme les liens entre le mouvement social et le politique n’ont pas fondamentalement évolué. Pour autant, la situation politique et sociale ayant profondément changé, la praxis évolue pour confronter nos mandats au réel : le risque de prise de pouvoir par l’extrême droite bouleverse d’une part les analyses, les tâches syndicales, et le temps long de la refondation, et d’autre part le travail engagé avec la CGT.

Pour avancer vers la maison commune du syndicalisme de transformation sociale, la FSU doit non seulement réaffirmer la volonté politique de l’unité dans ses relations avec toutes les organisations de lutte et de transformation sociale, mais il faut aussi que les partenaires syndicaux entendent le besoin et l’urgence de refonder. Malgré un congrès de la CGT qui a rejeté un rapprochement avec FSU et Solidaires, puis un congrès de Solidaires qui n’en a pas retenu l’hypothèse et la main tendue, la FSU a engagé un travail unitaire avec la CGT, à l’initiative de cette dernière. CGT et FSU ont multiplié les rencontres, ont construit du matériel commun, ont œuvré à ce que les équipes locales commencent à se rencontrer de façon un peu plus systématique. Ce travail doit maintenant sortir du duo FSU-CGT pour s’ouvrir à Solidaires entre autres.

La FSU doit inventer les formes de cette refondation liant questions sociales et écologiques, lutte des salarié.es, droits des femmes et lutte contre le racisme sur les lieux de travail, mais aussi repensant un projet de société émancipateur. Une refondation dynamique s’adressant à l’ensemble des salarié.es pour dépasser la simple addition de forces syndicales existantes, et construite sur tout le territoire.

Face au danger de l’extrême droite et aux politiques libérales qui en sont le terreau, il y a urgence à ouvrir des perspectives aux luttes sociales. C’est pourquoi, il s’agit d’œuvrer à maintenir la dynamique unitaire avec le mouvement social assumant une politique de rupture avec le néolibéralisme. Et donc de travailler, en toute indépendance, à créer un front populaire et social sur le terrain et localement, en multipliant les initiatives de rencontre des organisations syndicales avec la gauche politique.

Enfin, la FSU doit continuer à faire évoluer son fonctionnement pour être un outil adapté aux luttes, le plus proche possible des aspirations féministes, antiracistes, écologiques et inclusives: structuration locale, formalisation de la cellule luttant contre les violences sexistes et sexuelles, défense exigeante de la synthèse autour du trépied de la vie fédérale. Cela doit permettre à tout.es les militant.es, actif.ves ou retraité·es, de prendre leur place pour enrichir encore les alternatives écologiques d’une part et la défense des différents champs de la Sécurité sociale de l’autre. Cela passe avant tout par le renforcement des équipes fédérales à tous niveaux.

ZOOM extrême droite — Nommer et combattre

Sa bascule du thème 3 au thème 4 montre une volonté de mettre cette question au cœur des réflexions syndicales. L’analyse d’un RN transclasses structuré, comme le reste de la société, par un racisme systémique, doit être intégrée explicitement à cette réflexion. La nécessaire réponse unitaire doit par ailleurs se construire avec les premier·es concerné.es par les discriminations, agent.es comme usager.es, en tenant compte des expériences et en utilisant le vocabulaire de celles et ceux qui luttent.