**Un congrès décisif pour le syndicalisme de transformation sociale**

Le 11^e^congrès de la FSU se tient dans un contexte de crises profondes qui sont autant d’urgences pour notre syndicalisme: désastres écologiques, politiques migratoires répressives, guerres comme en Ukraine, génocide à Gaza, recul de la démocratie1 et montée de l’extrême droite partout dans le monde… En France, alors que les politiques néolibérales autoritaires conduites avec obstination depuis sept ans ont été un tremplin pour cette dernière, la séquence politique ouverte depuis la dissolution rend encore plus palpable la menace de son arrivée au pouvoir.

La profonde satisfaction de juillet dernier d’avoir contribué à lui faire obstacle et à porter en tête des législatives une gauche unie sur un programme de rupture, s’étiole. Plusieurs raisons y concourent et principalement la négation de ce résultat électoral par le pouvoir présidentiel, appuyé activement par le Medef. Ce déni a débouché sur une forme d’instabilité politique: déjà deux gouvernements se sont succédé, tous deux formés par une alliance allant du bloc central néolibéral à la droite la plus décomplexée, et dépendants de l’extrême droite pour tenir. Une alliance des droites qui préfère oublier que nombre de ses député·es ont été élu·es grâce au «front démocratique» de l’intense mobilisation populaire face au RN. Jusqu’où ces collusions vont-elles aller? Ces droites alliées se retrouvent en tout cas sur l’essentiel à leurs yeux: sauvegarder les intérêts et la suprématie des dominant·es.

Il faut constater aussi une division de la gauche face au gouvernement Bayrou, alors qu’elle avait su rester unie jusque-là.

Face au danger de l’extrême droite

Consolider la capacité du syndicalisme à peser sur le champ politique apparaît ainsi comme un enjeu incontournable du congrès fédéral: il s’agit de trouver les moyens de prolonger la puissante dynamique populaire construite lors de la dernière mobilisation retraites, toujours vivace dans les têtes, ou durant la séquence ouverte par la dissolution. La course de vitesse engagée avec l’extrême droite bat toujours son plein.

En effet, si la menace a été repoussée temporairement en juillet, elle sera très rapidement de retour avec de possibles législatives anticipées dès l’été prochain et une présidentielle prévue dans un peu plus de deux ans (sinon moins). D’où l’importance pour le syndicalisme, avec la place particulière de la FSU dans la fonction publique, d’amplifier le travail de déconstruction et de conviction avec nos partenaires syndicaux et associatifs, pour faire baisser sensiblement le potentiel électoral de l’extrême droite au cours des prochains mois. Ce travail serait grandement facilité par un foisonnement de mobilisations, notamment syndicales, mais également par le maintien dans le paysage d’une possible rupture politique ouvrant d’autres perspectives sociales et climatiques à brève échéance. L’espoir de juillet ne doit pas retomber.

Organiser les mobilisations

Le syndicalisme, et particulièrement celui de transformation sociale, doit contribuer à maintenir cette dynamique unitaire de rupture, permettant de renforcer la gauche en même temps que le mouvement social. Une double besogne assez classique, mais totalement indispensable.

La construction de mobilisations pour imposer nos exigences en termes de salaires, de conditions de départ en retraite ou de financement des services publics face à la super-austérité, permettra de convaincre qu’il est nécessaires d’imposer des ruptures franches avec les politiques néolibérales menées

inlassablement depuis des dizaines d’années. Des mobilisations qui vont de pair avec la volonté d’œuvrer à regrouper les organisations syndicales, associatives et politiques dans des cadres souples pour faire vivre, au niveau local comme national, un nouveau front syndical et populaire, tout en construisant en parallèle l’étape de la «maison commune» dans la perspective de refonder le syndicalisme de transformation sociale.

La responsabilité de la FSU est importante: nous avons besoin d’une élaboration véritablement fédérale pour mieux combattre les attaques. Le congrès de Rennes est l’occasion de renforcer encore son orientation combative et unitaire, ses mandats pour des services publics forts sur tout le territoire, une société plus juste, solidaire, écologique, féministe et antiraciste, avec une refondation du syndicalisme organisée pour répondre à ces grands enjeux!

Marie Haye et Arnaud Malaisé

1. Selon le rapport de l’institut Varieties of Democracy (V-Dem) de mars 2024. Au 31 décembre 2023, 71 % de la population mondiale (contre 48 % il y a dix ans) vivait dans une autocratie. Une situation pire que celle des années 1930.