Lutter contre le front Anti-populaire

CDFN septembre 2024, intervention pour l’Ecole Emancipée par Claire Bornais

Chères et chers camarades,

j’espère que la pause estivale vous a permis de reconstituer votre force militante, car nous allons en avoir plus que jamais besoin.

Le contexte mondial est angoissant, avec des effets de plus en plus palpables et meurtriers du réchauffement climatique, tels que cyclones, typhons, inondations ou sècheresses et incendies. Les guerres n’en finissent pas. La guerre en Ukraine fait toujours rage, comme celle en Palestine, qui s’étend désormais au Liban, sous l’oeil impuissant de l’ONU. Les gouvernements des pays occidentaux restent indifférents devant les massacres à Gaza et en Cisjordanie, devant les assassinats par Israël de combattants du Hesbollah, mais qui tuent, blessent, mutilent des milliers de personnes et enfants dans leur entourage. Venant de n’importe quel autre pays, de telles attaques auraient été au minimum sévèrement condamnées. La FSU doit les dénoncer fortement, et faire pression pour que la France les condamne clairement.

Car Macron a bel et bien fait sien le déplorable adage « deux poids, deux mesures », au niveau international comme dans les affaires politiques internes à la France.

La sa censure possible d’un gouvernement NFP était bien sûr un mauvais prétexte pour ne pas nommer Lucie Castets comme première ministre : il s’agissait bel et bien pour Macron de trouver un gouvernement qui continue de défendre les intérêts de la bourgeoisie, surtout la grande et les gros actionnaires.

Il a donc créé un front anti-populaire, en nommant un premier ministre issu de LR, soutenu par EPR, et suspendu au bon vouloir d’un RN ainsi quasi normalisé.  

Compte-tenu de son profil politique, Barnier a constitué un gouvernement très à droite, et même,  pour certains de ses membres franchement catho-réac, très proches de  l’extrême… Rien de très surprenant, cela convient plutôt bien au RN, qui compte bien lui faire tirer les marrons du feu à son bénéfice, comme il a su le faire avec la loi Immigration de décembre 2023.  Pas besoin pour la FSU d’attendre la déclaration de politique générale de Barnier pour s’exprimer : nous savons que ce gouvernement est une nouvelle déclaration de guerre aux droits sociaux et à la redistribution des richesses, mais aussi aux droits des étrangers, des femmes, des LGBTQIA+.  La FSU a donc tout intérêt à se positionner rapidement pour qualifier clairement ce gouvernement.

Cet affront majeur à la démocratie se paiera nécessairement  dans les urnes aux prochaines élections. Et vu l’instabilité politique due à la configuration de l’Assemblée nationale, des élections seront à coup sûr reconvoquées à l’été 2025, soit dans 10 mois. Ou moins peut-être, en cas de démission de Macron sous pression du bloc bourgeois. 

Il est donc absolument essentiel que la gauche reste unie et que le NFP se renforce en vue de nouvelles élections à court terme, pour obtenir enfin la majorité, sans refaire un gouvernement Hollande bis, bien sûr !

Ce n’est qu’à cette condition que les inégalités sociales pourront être réduites et que certaines revendications syndicales essentielles pourront être satisfaites.  Il nous faut donc peser autant que possible en ce sens et proposer rapidement des cadres de travail en commun entre syndicats, associations et NFP, au niveau local comme national, car cela facilite l’unité. Il s’agit de faire perdurer l’alliance inhabituelle qui a permis le résultat inespéré du NFP, malgré une campagne électorale éclair.  Il serait irresponsable et suicidaire de retourner à la situation antérieure et au « business as usual » des différentes composantes de cette alliance. Notamment nous, le syndicalisme, car, sans maintien et amplification de la dynamique de juin, cela conduirait quasi inévitablement à l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Dans un premier temps, par exemple, l’organisation rapide d’assises, proposées par le syndicalisme de transformation sociale sur le modèle des universités d’été, mais se tenant bien avant l’été, permettrait de travailler ensemble rapidement sur des sujets d’intérêt général et des propositions alternatives.

Le peu de temps imparti avant les prochaines échéances électorales doit donc être tout entier consacré à la lutte contre les idées d’extrême droite et à la construction de perspectives crédibles de ruptures sociales et écologiques. 

En plus de la déconstruction du racisme systémique, il nous faut faire au quotidien la démonstration que la matrice économique du RN est la même que celle de Renaissance ou de LR. Et donc que le RN au pouvoir n’amènera pas d’amélioration pour celles et ceux qui souffrent des politiques néo-libérales et qui veulent qu’elles cessent.

Cela passe par du matériel adapté, des initiatives communes, des campagnes fortes en direction de l’opinion, en particulier pour la justice fiscale et sociale. Une première étape pour cela est bien sûr mobilisation du 1er octobre à l’initiative de la CGT, de la FSU et de Solidaires. Quel qu’en soit le niveau, il faudra la faire suivre d’autres rendez-vous. Le mouvement social doit se poursuivre et se renforcer, en agrégeant les forces progressistes. La FSU y a une place essentielle et elle doit la prendre sans hésiter.