Débat action – Avant et après les législatives, être à l’offensive !

  • Présentation du texte action de l’École Émancipée.

Le temps est suspendu. Bien malin·e celle/celui qui peut prédire l’issue des élections législatives anticipées. Cependant, nous devons envisager les scénarios possibles, les penser, les anticiper pour nous montrer réactifs et réactives au lendemain des élections.

Une vague constituée de rancœurs, de toutes les haines agrégées, de l’ignorance, du repli causé par le brouillage politique dans lequel nous plongent Macron et Attal notamment, peut nous submerger le soir du second tour des élections législatives. 

L’instrumentalisation très grave de l’antisémitisme pour décrédibiliser la défense de la cause palestinienne et la dédiabolisation du RN est un jeu dont nous payons les conséquences. Cela a empêché d’analyser avec justesse la situation d’extrême violence qui s’est jouée depuis octobre sur le territoire israelo-palestinien. Et quel silence concernant le génocide perpétré à Gaza… Un silence et un déni coupable. Les paroles de paix et la dénonciation des crimes commis n’ont pas eu d’échos en France et ont alimenté l’idée que certaines vies valent plus que d’autres. 

Cette vague qui nous menace est née, depuis de nombreuses années, des injustices du système capitaliste néolibéral. Certains le voient comme une donnée naturelle, un horizon indépassable. Cette vague est constituée de personnes désabusées et fatalistes qui voient dans le RN la solution à leur sentiment de déclassement, d’urgence, une rupture que nous savons fallacieuse avec les politiques actuelles brutales, injustes et écocidaires. Les propos du RN sont matinées d’idées trompeuses, pseudo-sociales et populistes. L’islamophobie est un étendard brandi pour expliquer tous les problèmes rencontrés par le peuple français, puisque les musulmans sont les bouc émissaires choisis par le RN et ses alliés. L’ADN du RN, c’est le racisme, l’antisémitisme, l’antiféminisme, l’autoritarisme et la remise en question des droits constitutionnels. Le droit est encore un rempart, on voit comme le débat juridique est devenu prégnant pour nous permettre de faire valoir nos droits et ceux de nos élèves en cette période de “choc des savoirs”. De même, Macron et son camp ont déstabilisé le cadre législatif en utilisant le 49.3 pour imposer leur casse sociale, en s’octroyant des prérogatives (surtout sur l’éducation) pour gouverner par décret, et même dans le cas du “choc des savoirs”, par arrêtés. Cette  confusion politique et ces passages en force législatifs ou réglementaires ont plus que fragilisé nos institutions.

Si le RN arrive au pouvoir, nous devons nous inquiéter des reculs gigantesques qui peuvent arriver dans l’éducation, et notamment dans l’éducation à la vie affective et sexuelle. Il nous faudra ainsi trouver des solutions de portage collectif de cette question dans les établissements. Dans les lycées et les collèges, la mise au pas de la jeunesse va s’aggraver, nos élèves seront des cibles pour les politiques ségrégatives qui verront le jour. Nos élèves racisé-es, les élèves LGBTI, les jeunes filles et les jeunes femmes sont en danger en cas de victoire du RN à ces législatives. 

Quoi qu’il arrive, après le 7 juillet, il nous faudra continuer à nous battre, soit contre le gouvernement ennemi de notre camp et de la démocratie (et protéger notre outil militant, qui sera menacé dans son existence-même), soit pour pousser à l’application du programme du NFP (et à la satisfaction de nos revendications au-delà de celui-ci).

Il faut dès à présent anticiper ce que nous allons dire à nos collègues à la rentrée et porter haut et fort nos mandats pour une école émancipatrice et pour la justice sociale.

Dans le cas où le RN gagne, le SNES et la FSU doivent se tenir prêts à mobiliser même pendant les vacances, dans un cadre intersyndical. Afin de nous permettre d’entrer collectivement en résistance, il faut outiller les collègues, notamment en préparant un kit de rentrée : tract, trame d’intervention pour l’AG des personnels, guide de désobéissance (expliquant ce qui est légalement faisable).

La question d’une grève dès la rentrée dans notre champ de syndicalisation se posera selon la situation issue des élections et des mobilisations ou pas de différents secteurs pendant l’été.

Si le NFP est majoritaire, nous resterons vigilant·es et devrons mettre en place un plan d’action qui fasse entendre nos revendications.