Digan lo que digan las mujeres estamos en guerra — Quoi qu’iels disent, nous les femmes, nous sommes en guerre ! C’est par ces paroles que Mafalda entame la chanson qui deviendra un hymne de la musique engagée de l’État espagnol, et par laquelle le groupe connaîtra une popularité croissante, jusqu’à l’annonce de sa séparation, et d’une tournée d’adieu, en novembre 2023.
Mafalda est décrit par la télévision publique comme un groupe faisant de la « musique combative de Valence ». Un groupe musical combatif, souvent appelé « hard-core » en raison de l’engagement politique radical du groupe dans ses paroles. Peu surprenant, ce groupe vient de Valence. Or, dans les années de sortie du premier album, Música basura (2012), un courant musical inonde le pays : la Nueva Escena Valenciana. La Gossa Sorda ou Obrint Pas sont des noms peut-être inconnus au-delà des Pyrénées, mais très populaires, ce qui peut paraître étonnant pour des groupes aussi engagés à gauche.
Mafalda, dont le nombre de membres a varié en fonction des albums, a une identité musicale très particulière renforcée par les trois voix du groupe, au point que la télévision publique espagnole qualifie Mafalda d’« inventrice du reggae-core ». On pourrait les situer au carrefour de deux genres musicaux : d’un côté le Ska et le punk, et de l’autre la scène urbaine (hip-hop, rap etc.) Ces deux influences se croisent et se confondent parfaitement dans la chanson En Guerra.
L’autre aspect à souligner est la richesse politique des paroles. Ce qui caractérise la plupart des groupes qui s’inscrivent dans les courants artistiques féministes des dernières années est l’apport théorique dont sont empreintes leurs créations. Ainsi, dans la chanson Las que faltaron, en collaboration avec la rappeuse guatémaltèque Rebeca Lane, le groupe s’appuie sur les écrits d’Emma Goldman afin de dénoncer « celleux qui ont saigné les femmes de l’histoire » .
Pour conclure, le groupe, dans la chanson d’adieu Y así fue dit :
Ahora que ya no somos lo nuevo
Ahora que pasamos el relevo
Eso que tuvimos era oro
Ahora os toca cuidarlo
Maintenant que nous ne sommes plus les nouvelleaux
Maintenant que l’on passe le flambeau
Ce que l’on a eu était de l’or
Maintenant, il vous revient d’en prendre soin
Félix Blanquet