Le rapport France Stratégie faisant le bilan des actions de lutte contre les stéréotypes de genre de la décennie pointe des politiques insuffisantes dont les effets restent limités et des « stéréotypes persistants qui maintiennent des inégalités entre les sexes, de la petite enfance à l’entrée sur le marché du travail. »
Une analyse à mettre en vis-à-vis avec les alertes de la Défenseure des droits et des Hôpitaux de France sur les discriminations croisées faites aux femmes dans les parcours de soin, mettant en danger leur santé, voire leur vie. Le maintien de ces discriminations se fonde sur des stéréotypes de genre déconsidérant les symptômes et douleurs des femmes, ce qui freine les diagnostics et les prises en charge.
Ces rapports rappellent que les discriminations subies par les femmes s’inscrivent dans un système patriarcal aux dominations masculines multiples. Lutter contre, implique une déconstruction de toutes et tous, d’autant plus laborieuse que nos cultures façonnent implicitement nos représentations et nos rapports aux autres.
Prenons un autre exemple actuel : le plan « maths filles ». Il s’appuie sur le rapport de l’IGF et de l’IGESR qui pointe la perte économique de 10 milliards d’euros par an à cause de la sous-représentation des femmes dans les métiers les plus rémunérateurs, principalement les métiers scientifiques, du numérique, …. Si les stéréotypes de genre sont bien annoncés comme étant responsables de la situation, seule l’amélioration de l’accès des femmes aux études et métiers socialement valorisés font l’objet de mesure dans le plan. Pas de remise en cause des hiérarchies des normes de genre, de la place des hommes ou des orientations socialement défavorisées. Ainsi, le nombre de garçons en filière littéraire n’est jamais interrogé, participant à garder comme seule ambition la référence masculine.
C’est cette même hiérarchie des normes qui dévalorise l’éducation des enfants et entérine la précarisation des métiers de « l’attention aux autres », principalement occupés par des femmes, dont l’enseignement et l’accompagnement. La stagnation du plan égalité femmes-hommes ne dit pas autre chose. Les mesures annoncées, alors que là aussi les constats sont partagés, restent en deçà des enjeux. Les évaluations d’écart de rémunération restent peu partagées, la parité dans les jurys reste sans contrainte, les cellules VDHASS n’ont pas de moyens et les formations à la lutte contre les VSS restent non obligatoires.
Le système patriarcal ancré empêche encore les actes pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes. Les libérations de paroles prennent toujours le risque d’être discréditées, minimisées, banalisant la réalité des discriminations et des violences.
La FSU-SNUipp, parce qu’elle vise une école et une société juste et égalitaire, ne peut que continuer ce labeur féministe, avec pugnacité. Cela se décline par le partage de pratiques pédagogiques féministes permettant la prise de conscience de l’ensemble des biais de genre et déconstruisant les hiérarchies de normes. Cela demande de continuer à exiger une augmentation des salaires avec correction des écarts et une reconnaissance de nos métiers. Cela appelle un investissement constant avec la fédération et en intersyndicale dans les stages et mobilisations contre les VSS et pour les droits des femmes, lors des journées nationales mais surtout tout le temps et partout.