Le contexte est connu.
Le gouvernement veut trouver 40 milliards d’euros en 2026, et près de 100 milliards d’euros d’ici à 2029. Pour les libéraux, c’est le prétexte à de nouvelles remises en cause des services publics et du modèle social. Alors qu’eux mêmes et leurs représentant·es sont toujours à se plaindre, la part du 1% le plus riche est passée de 7,7 % de l’ensemble du revenu national en 1982 à 12,7 % de l’ensemble des revenus en 2022, un niveau jamais égalé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
On sait aussi que le gouvernement Bayrou entend continuer la généreuse dotation en subventions à destination des entreprises via le CICE ou autre Crédit d’Impôt Recherche.
On sait enfin qu’il refuse d’augmenter la pression fiscale sur les riches et le capital.
Alors oui, on a toutes les raisons de s’inquiéter pour les services publics, les liens solidaires, les biens communs.
La croissance des inégalités, la crise climatique engendrée par une course au productivisme et au profit écocide, le renforcement des nationalismes et la montée des militarismes nous placent collectivement devant des choix politiques posés avec de plus en plus d’acuité.
L’éducation comme bien commun, comme condition nécessaire mais pas suffisante de notre humanité, doit être défendue face à celles et ceux qui veulent la privatiser, la réduire ou l’orienter dans le sens de leur vision du monde.
L’école publique ne peut pas et ne doit pas être gérée comme une entreprise. Or, appauvrissement des savoirs professionnels, contrôle et automatisation des gestes, mise en concurrence et évaluation par les chiffres, tout cela concourt à abîmer le service public, à le détourner de ses missions.
Baisse des effectifs dans les classes, renforcement du remplacement, formation des personnels en rupture avec l’orientation pédagogique réactionnaire et productrice d’inégalité, ressources professionnelles et humaines pour réussir l’école inclusive et répondre aux besoins des élèves qui en relèvent, lutte contre les discriminations de genres ou d’origines : autant de défis que l’école ne pourra pas relever sans un engagement financier et collectif.
La FSU-SNUipp doit profiter de ce printemps, notamment du 5 juin, pour discuter des enjeux autour de la loi de finance avec la profession et de son lien direct avec nos conditions de travail. Elle doit également mettre en débat les modalités de l’action dans les écoles en posant la question d’une mobilisation reconductible à l’automne. A travers cela, nous devons renforcer les réseaux militants qui la porteront.
Gagner est possible. En effet, la faiblesse politique du gouvernement Bayrou est une constante de la période. Avec un budget marqué par de fortes attaques contre les services publics et leurs agent·es, une majorité à l’assemblée nationale en faveur de la loi de finance est loin d’être acquise. Dans un tel contexte, le mouvement social peut contribuer à créer les conditions de son rejet ce qui serait en soi un première victoire ouvrant la voie à un retour sur la réforme des retraites de 2023, y compris par voie référendaire si nécessaire.
Au sein de la FSU, notre syndicat doit défendre une ligne offensive et ambitieuse, la plus unitaire possible. Il doit peser pour que la FSU soit une force d’impulsion pour une action de grève unitaire et reconductible contre l’austérité salariale, pour le développement de l’emploi public, pour l’Ecole, et le renforcement des solidarités face au détricotage de l’État social et des solidarités.