Violences policières systémiques – comment écraser toute contestation

Dès les premières mobilisations contre les mégabassines en octobre 2022, Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur, qualifiait les manifestant-es d’éco-terroristes ou de fiché-es S virulent-es. Cette disqualification tentait de justifier une vague de répression, selon la méthode bien connue visant à criminaliser le mouvement social. Cette technique avait déjà été bien éprouvée dans les quartiers populaires, ou encore lors du mouvement des gilets jaunes, afin de justifier une répression policière déjà disproportionnée.

À Sainte Soline, le déchaînement de violence subi par les opposant-es au projet de méga-bassine en est une illustration éclatante. Le 25 mars 2023, plus de 30 000 manifestant-es sont tombé-es dans un véritable guet-apens. Les insultes, les actes et la haine exprimés par les gendarmes sur les lieux sont éloquents. Cette répression ultra-violente est documentée par de nombreuses vidéos, y compris celles des caméras des forces de l’ordre : durant 2 heures, des manifestants sont traqué-es, attaqué-es, blessé-es, mutilé-es, dans de véritables scènes d’une violence inouie. L’utilisation d’armes dites non-létales (gmll, lbd) en effectuant des tirs tendus, les insultes, le tout sur ordre, montrent une hiérarchie faisant appliquer une doctrine extrêmement violente du maintien de l’ordre, au mépris de la règlementation comme de la sécurité des citoyen·nes puisque les secours sont exclus du site.

Ces images contredisent la version officielle portée depuis plusieurs années. Pourtant, Laurent Nunez, actuel ministre de l’intérieur réfutait encore le 6 novembre 2025 le terme de violences policières, officialisant l’impunité des forces de l’ordre comme un principe.

Dans un communiqué paru le 7 novembre 2025, le syndicat de la magistrature dénonce le positionnement du Ministre, parlant de “profond dévoiement de la mission de service public qui incombe aux forces de l’ordre”, et affirmant que “L’exécutif ne sous-estime pas seulement la gravité de la situation : il la minimise et par suite, la banalise.” L’intervention de l’IGPN / IGGN ne dupe personne : il s’agit d’un écran de fumée procédant davantage du blanchiment de criminels que de recherche de la vérité.

Cet aval systématique au plus haut de la hiérarchie, couplé au fait que la police française est la plus armée des pays européens, présente un véritable risque démocratique : que se passera-t-il au cas où le RN accède au pouvoir ? Les forces de l’ordre sont déjà en ordre de bataille pour réprimer violemment les oppositions, avec l’appui d’une partie de la population.

Et nous, sommes-nous collectivement prêt-es ?

En tant que syndicalistes, nous ne pouvons rester silencieux-ses sur ces dérives sécuritaires. Comment nous défendrons-nous le jour où un Etat policier sera définitivement mis en place ? Cela se travaille dès maintenant en renforçant notre investissement dans les cadres et initiatives unitaires de défense des droits et libertés fondamentales.