Non aux PAS, ni à Rennes ni ailleurs

PAR BERNARD VALIN

En 2027, les pôles d’appui à la scolarité (PAS) devraient être généralisés dans la plupart des départements alors que leur expérimentation a été l’objet de nombreuses critiques. notamment en ce qui concerne les conditions de travail des AESH.

Le 19 juin 2025, la proposition de loi généralisant les pôles d’appui à la scolarité (PAS) a été adoptée à l’unanimité au Sénat. les groupes socialiste et communiste s’étant abstenus. Cela fait suite à la décision unilatérale d’É. Borne de les généraliser à la rentrée 2027, sans prendre le temps de tirer un bilan des Pial et des PAS installés dans les départements préfigurateurs suivants : Aisne, Côte d’Or, Eure-et-Loir et Var. À la rentrée prochaine, la quasi-totalité des départements sera concernée par la mise en place de 500 PAS. Ces installations débouchent sur 400 créations de postes de coordinateur-ices quand dans le même temps, le premier degré subit plusieurs centaines de suppressions de postes au nom de la baisse démographique…

Si les PAS, comme les Pial, pouvaient acter une inflexion positive concernant le lien obligatoire entre des équipes pluriprofessionnelles et une gestion au plus près des élèves handicapé·es, leur mise en place accélérée est inacceptable au regard des critiques émises à leur encontre : élargissement des zones d’affectation et maintien dans la précarité des AESH, informations contradictoires selon qu’on est dans un Pial ou un PAS, dérive sur l’accompagnement qui ne se résume pas aux élèves handicapé·es… Les AESH se retrouvent de fait à exercer des missions qui ne sont pas les leurs.

L’inclusion nécessite des moyens à la hauteur des besoins et des attentes du terrain. Cela passe par une baisse généralisée des effectifs de la maternelle au lycée pour faciliter une inclusion dans un environnement apaisé et la titularisation sans condition desAESHdans la fonction publique.

Le refus du ministère d’avoir une politique nationale sur les PAS explique en partie ces différences d’appréciation, de fonctionnement. Un autre écueil est la nécessité qu’ont les personnels de l’Éducation nationale de travailler avec celleux du médico-social et réciproquement. L’absence de réels temps de concertation, de culture commune crée des situations troubles et des incompréhensions. Et que dire de l’absence de spécialisation de certain-es enseignant-es à la tête du PAS, éloigné·es du handicap, de leur gestion des emplois du temps des AESH, ce qui est en totale contradiction avec leurs missions de coordination telles qu’écrites dans les fiches de poste en lien avec l’annexe de la circulaire du 14-2-2017.

Des moyens pour l’inclusion

L’inclusion des élèves handicapé·es mérite mieux que des dispositifs se succédant à peine moins vite que les ministres à Grenelle. L’inclusion nécessite des moyens à la hauteur des besoins et des attentes du terrain. Cela passe par une baisse généralisée des effectifs de la maternelle au lycée pour faciliter une inclusion dans un environnement apaisé. Cela passe par la titularisation sans condition des AESH dans la fonction publique pour leur octroyer des droits, des salaires décents et une possibilité de s’implanter durablement dans une école ou un établissement sans avoir la crainte de muter en cours d’année ou la suivante. Cette titularisation empêcherait aussi les excès de la mutualisation d’AESH dans des classes déjà bondées.

La loi va retourner en commission mixte paritaire et devrait entraîner de nouveaux débats car telle que votée par le Sénat, elle ne va pas dans le sens des enseignant·es: les dispositions sur les formations pluri catégorielles et interministérielles, qui représentaient une des rares avancées, ont été entièrement supprimées.

L’abandon des PAS, voté au congrès fédéral de Rennes et qui fait partie des mandats des syndicats nationaux de la FSU, est une revendication juste et nécessaire. Une campagne le demandant doit être lancée et il nous faut construire un rapport de force unitaire avec les collectifs d’AESH pour l’obtenir.