Malgré un accroissement des inégalités scolaires, qui pèsent principalement sur les élèves des classes populaires, malgré des conditions de travail de plus en plus difficiles, malgré un échec de l’école inclusive qui fait souffrir les élèves, leurs familles et personnels éducatifs, les ministères successifs de l’Éducation nationale poursuivent leur politique délétère.
Les angles d’attaques contre l’école publique sont multiples : réduction du nombre d’enseignant·es, désinformation chronique, contraintes sur les pratiques enseignantes par une multitudes de mesures qui organisent une école inégalitaire. Elle-même coordonnée à partir des évaluations nationales via les évaluations d’école, formation continue orientée, empilement de plans sans moyens ni cohérence. A cela s’ajoute un nouvel avatar : les nouveaux programmes de français et mathématiques, pensés pour renforcer une école toujours plus normative et qui exclut des savoirs une partie des élèves.
Une nouvelle pierre s’ajoute depuis peu à l’entreprise de destruction gouvernementale ou cherche à la masquer : la convention citoyenne sur les temps de l’enfant. En la lançant, Macron met l’accent sur « le temps scolaire » en le remettant au centre des débats et en escamotant les véritables maux de l’école. Pourtant, les résultats de différentes enquêtes sur le sujet montrent que c’est une orientation peu agissante sur la réduction des écarts scolaires entre les élèves des classes populaires et celleux des classes favorisées. Les systèmes éducatifs vecteurs de moins d’inégalités ont non seulement des temps scolaires multiples mais ils jouent sur d’autres leviers que les gouvernements refusent d’utiliser. Par contre, l’issue de la convention qui arrive en même temps que les discussions sur le budget risque d’invisibiliser les manques de moyens pour l’école en mettant uniquement en avant les conclusions de la convention citoyenne.
C’est donc à nous, à l’heure où la mobilisation pour un autre budget est protéiforme, de donner à voir notre campagne pour un vrai budget pour l’école. Elle doit être portée dans toutes les directions et être visible dans toutes les écoles, dans toutes nos communications, dans les mobilisations actuelles. La campagne école inclusive initiée l’an dernier y a toute sa place. Les difficultés actuelles, en partie objectivées, doivent être comprises comme le résultat d’un projet idéologique contraire à la réussite de tous.tes les élèves. Sans les moyens dédiés aux dispositifs scolaires de prévention et d’adaptation (RASED, SEGPA, ULIS, UEE, …) il n’y aura pas de possibilité de faire école inclusive et d’assurer l’accessibilité universelle des apprentissages à tous.tes.
Une mobilisation sectorielle est aussi à construire non pas pour nous détourner des mobilisations interpro mais au contraire pour l’amplifier sur des revendications propres à notre milieu, dans la convergence des luttes. Mettre notre secteur en mouvement, convaincre nos collègues qu’une autre politique pour l’école est indispensable et qu’elle peut se construire aujourd’hui dans les dynamiques de refus de la politique anti sociale menée.
Il nous faut mener un travail de conviction auprès de nos collègues, AESH, enseignant·es, psychologues EN qui permette de penser qu’une autre politique éducative est urgente et que le projet de la FSU-SNUipp, s’il nécessite des moyens, ambitionne l’amélioration des conditions de travail et de rémunération des personnels, l’amélioration des conditions d’apprentissages de l’ensemble des élèves et donc la réduction des inégalités.