Le SNPES-PJJ/FSU s’est réuni en congrès, début juin, à Épinal, dans un contexte de forte dégradation des missions et des conditions de travail à la protection judiciaire de la jeunesse.
PAR Marc Hernandez et Marielle Hauchecorne
Les traces du plan social dans la protection judiciaire de la jeunesse, à l’été 2024, restent sensibles. Malgré un recrutement à la suite de l’importante mobilisation intersyndicale en fin d’année 2024, une décrue du nombre de postes est constatée au sein de la plupart des services. Cette fois-ci encore, la stratégie est à bas bruit et les organisations syndicales sont tenues à l’écart et n’ont aucune visibilité sur les actions des services de relations humaines (RH).
En même temps, la PJJ fait face à un tournant historique majeur, par la remise en cause des fondamentaux de la justice des enfants et de sa spécificité, déjà largement dégradée par les multiples modifications législatives de l’ordonnance de 1945, le Code de justice pénale des mineurs (CJPM), en septembre 2021 et le bloc peines.
En effet, si le CJPM et le bloc peines abîmaient les missions, la Loi Attal s’attaque à l’identité propre de la justice des enfants et des adolescent·es. Il s’agit d’une atteinte massive à leurs droits, à leur éducation et à leur protection. Elle est la conséquence de politiques néolibérales qui se confondent toujours plus avec l’idéologie de l’extrême droite.
Il s’agit en quelques exemples :
➤ de comparutions immédiates pour les plus de 16 ans pour des faits où une peine de 5 ans peut être encourue (pour un vol aggravé dans un établissement scolaire par exemple).
➤ De l’inversion du principe de l’atténuation de la peine pour les plus de 16 ans en récidive (le juge devra motiver une décision s’il décide de juger l’adolescent·e comme un·e mineur·e).
➤ De dispositions à l’égard des parents, dont la possibilité de les faire participer à l’indemnisation des dommages jusqu’à 7 500 euros.
➤ De sanctionner le manquement aux obligations inscrites dans les mesures éducatives, les transformant ainsi en mesures de sûreté. Cela réduira l’action éducative au seul principe de probation, copié sur la justice des majeur·es.
Pour lutter contre ces reculs majeurs, le SNPES-PJJ/FSU a lancé une contribution extérieure avec le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France et la Ligue des droits de l’homme,profitant de la fenêtre ouverte par les forces de gauche ayant saisi le Conseil constitutionnel*. Alors que les minorités les plus défavorisées, les classes populaires, les personnes racisées, les enfants et les adolescent·es en difficulté sont particulièrement ciblé·es par ces politiques coercitives, cette loi est réactionnaire. Jamais les enfants et adolescent·es n’ont été aussi peu protégé·es et autant réprimé·es.
Lors de ce congrès, le SNPES-PJJ/FSU a rappelé son engagement antifasciste historique. Notre organisation s’inscrit dans la construction d’un mouvement social large et un front politique pluraliste, seuls remparts à l’ascension du RN au pouvoir, qui viendrait attaquer encore plus les jeunes des quartiers populaires, nos missions et réprimer les militant·es engagé·es dans le mouvement social.
Faire front collectivement
Par ailleurs, à l’issue de son 52^e^ congrès, le SNPES appelle l’ensemble des forces progressistes et de lutte à se rassembler pour faire front collectivement en construisant l’unité syndicale la plus large possible, en résistant professionnellement dans les services, dans les sections, en se mobilisant dans toutes les actions de lutte pour un syndicalisme unitaire et combatif, engagé aux côtés des personnels.
Enfin, le SNPES-PJJ/FSU s’est doté d’une feuille de route comprenant quatre axes de travail forts pour cette nouvelle mandature :
1) défendre une justice des enfants protectrice et éducative, la PJJ, et notre identité professionnelle.
2) Poursuivre notre engagement total contre l’extrême droite, les idées réactionnaires et celles et ceux qui les soutiennent et les diffusent.
3) Renforcer notre organisation et le syndicalisme de lutte et de transformation sociale.
4) Construire et développer notre éco-syndicalisme.
Le 52^e^ congrès du SNPES-PJJ/FSU rappelle son opposition au CJPM et continue de revendiquer un code unique de l’enfance. La lutte et les mobilisations contre la loi Attal doivent rester une priorité majeure. Il est nécessaire de construire une résistance forte, unitaire et la plus large possible.