**Congrès de la FSU-SNUipp**

Le 13^e^congrès de la FSU-SNUipp se tiendra dans un contexte international marqué par une instabilité croissante caractérisée par la montée des régimes autoritaires et fascistes et une multiplication des conflits armés. Les crises systémiques écologiques, sociales et démocratiques s’aggravent et ancrent le capitalisme dans un rapport de finitude où la captation, à tout niveau et toujours aux services des dominant·es, devient la règle.

La situation dans laquelle se déroulera le congrès, complexe à aborder, détermine évidemment les orientations à construire. Comme lors des précédents congrès, les textes soumis aux sections départementales pour répondre aux défis de la période sont structurés autour de quatre thèmes.

Le premier traite des savoirs et de leur construction dans une perspective de démocratisation et d’émancipation individuelle et collective. Il s’agit donc de réfléchir aux savoirs, aux métiers et aux leviers syndicaux à actionner pour mettre en œuvre une école capable de combattre les inégalités.Le deuxième thème se concentre sur l’organisation et le fonctionnement de l’école, tandis que le troisième traite de la reconnaissance de tous les personnels.Enfin, le quatrième aborde les enjeux sociaux et organisationnels pour construire un syndicalisme qui transforme l’école et la société.

Au-delà des enjeux spécifiques à chaque thème, certains sujets revêtent une importance particulière nécessitant une approche transversale : les AESH, les enjeux numériques ainsi que les questions des discriminations et de l’inclusion scolaire.

Renforcer la place des AESH dans notre syndicat et notre fédération

Un des objectifs de ce congrès est de renforcer la place des AESH au sein de notre syndicat par la reconnaissance de leur métier, le développement de leur syndicalisation et leur intégration pleine dans le fonctionnement de notre organisation. Ce travail, déjà initié il y a quelques années, avec la mise en place d’une commission nationale composée uniquement de camarades AESH doit être amplifié, en transformant des cadres initialement prévus par et pour les enseignant·es. Il s’agit de permettre aux AESH d’avoir la maîtrise des questions qui les concernent: élaboration de leurs revendications, réflexion sur leur métier et les conditions de son exercice…

Secteur dédié, apport de la recherche, espaces de pairs, plus grande place dans les exécutifs nationaux et locaux, ouverture et participation à l’ensemble des problématiques syndicales… les pistes sont nombreuses pour avancer dans l’acceptation d’une orientation d’un syndicat regroupant deux métiers. C’est aussi un enjeu de lutte contre la précarité.

Faire face aux défis politiquesdu numérique

Dans un monde où le numérique prend une place de plus en plus importante, la question des outils que nous utilisons dans nos établissements scolaires et notre organisation syndicale est essentielle au vu de leurs implications profondes en lien avec la protection des données, les conditions de travail mais aussi le maintien d’une planète vivable. Ce congrès est l’occasion pour que la FSU-SNUipp s’oppose à l’omniprésence des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) dans une visée de réduction des inégalités structurelles.

Il devra aussi mener une réflexion sur les usages numériques dans nos métiers, usages qui conduisent à une surcharge administrative et des risques psychosociaux sans garantie de transparence et de sécurité.

Il est donc crucial que le congrès se pose la question de savoir si notre action syndicale repose sur des outils contrôlés par quelques multinationales ou si nous préférons des solutions libres, transparentes et gérées démocratiquement. Tendre vers une cohérence entre nos valeurs et nos pratiques suppose de privilégier la construction d’outils, voire de services publics, répondant à des besoins décidés collectivement et démocratiquement.

L’inclusion, une équation multiple qui doit interroger les rapports à la norme

Souvent abordée ces derniers mois sous l’angle des conditions de travail des personnels, l’école dite inclusive fait partie du corpus revendicatif initial de la FSU-SNUipp, s’inscrivant dans une affirmation du principe d’éducabilité et d’un projet d’une école pour toutes et tous dans une perspective de transformation sociale. L’approche toujours plus individualisée et médicalisée de l’inclusion scolaire, englobant une diversité de catégories d’élèves, invisibilise et met de côté à la fois les élèves handicapé·es et celleux issu·es des milieux populaires. Une vision biologisée et essentialisée des difficultés scolaires s’impose progressivement sur la base d’un rapport à une norme implicite, de plus en plus prégnante et renforcée par des politiques éducatives de la performance précoce. Le projet néolibéral assume, par le «choc des savoirs», un tri social organisé dans une injonction paradoxale faite à l’école d’inclure tout en renforçant une société de dominations normatives aux inégalités et exclusions accrues. Il s’agit pour la FSU-SNUipp de continuer d’attraper cette problématique de manière non binaire en évitant l’écueil d’une simple socialisation et en persévérant dans une école défendant l’égalité à apprendre et devenir des citoyen·nes éclairé·es.

L’enjeu majeur de la lutte contre les discriminations

La période politique actuelle est marquée par l’alarmante poussée de l’extrême droite à travers le monde. Elle gagne du terrain électoralement et dans la bataille culturelle de l’opinion publique. Les discriminations systémiques en sont le carburant. Les combattre nécessite de les comprendre et de les articuler en les contextualisant et en utilisant le vocabulaire approprié. Il s’agit de s’armer collectivement pour pouvoir projeter les luttes nécessaires au côté des premier·es concerné·es.

Dans le domaine scolaire, cela se traduit par des inégalités que l’école, comme les pratiques enseignantes, participent à perpétuer. Une éducation féministe comme une pédagogie antiraciste seraient des réponses adéquates.

De la même façon, les transformations managériales du système éducatif, avec l’individualisation des parcours professionnels et le développement de la contractualisation, renforcent les inégalités comme les discriminations. La prise en compte de cette dimension est indispensable dans une réflexion globale sur les services publics et les statuts des personnels que nous voulons défendre. De même, la construction d’outils internes à même d’éviter les reproductions, dont notre organisation n’est pas épargnée, est nécessaire.

Le congrès d’Aix-les-Bains a ainsi vocation à répondre à de nombreuses questions qui doivent amener à transformer notre outil syndical.

Pour éviter un rétrécissement de l’action syndicale sur un accompagnement de plus en plus individualisé des collègues, des pistes concrètes devront être abordées: multiples «guérillas» locales, «désobéissances», organisation de diverses actions permettant de semer des graines d’une alternative, positionnement pour être moteur au sein de la fédération, moyens à mettre en oeuvre pour construire un nouvel outil syndical ou encore liens actifs avec les politiques…

Adapter notre outil syndical aux enjeux de la période commencera en outre par lui donner un profil combatif pour la bataille sur le budget à venir et qui se construit dès maintenant.

L’École émancipée devra œuvrer à orienter la FSU-SNUipp dans une dynamique résolument offensive et prête à poursuivre les résistances face à un monde actuel violent et redonner l’espoir d’en construire un autre.

L’équipe nationale École émancipée de la FSU-SNUipp