L’école pour toutes et tous ne se satisfait pas d’adjectifs, elle exige des moyens, ainsi que la réflexion et la mobilisation unitaire des usager·es et des professionnel.les concerné.es.
ll ne suffit pas d’accoler le terme « inclusif » aux différents dispositifs existants pour en faire un lieu de scolarisation et d’émancipation par les apprentissages. Le manque d’enseignant·es titulaires, formé.es, d’accompagnant.es au salaire digne et sous statut, d’investissements dans l’accessibilité des locaux et le matériel adapté sont des obstacles à la réalisation de leurs objectifs affichés.
Les Ulis^1^ sont des dispositifs que l’on retrouve dans les écoles, les collèges et, dans une moindre mesure, les lycées (professionnels surtout). Elles ne sont plus censées être des classes à part entière, mais bien des « appuis à la scolarisation en classe de référence (…) avec des temps de regroupement autant que de besoin ». La coordination du dispositif doit être assurée, en principe, par un·e enseignant·e spécialisé·e mais la réalité est tout autre. La politique mise en œuvre par les gouvernements successifs depuis 2009 de réduction des départs en formation spécialisée (aujourd’hui Cappei), l’absence de temps de formation et de concertation sur le temps de travail entre les professeur·es des classes concernées, les coordonnateur·ices et les accompagnant·es d’élèves handicapé·es ne permettent pas d’assurer des conditions d’exercice correctes pour que les élèves soient scolarisé.es dans leur classe de référence dans les meilleures conditions possibles. Si la classe de référence dans le premier comme dans le second degré reste l’objectif à atteindre, certain·es élèves restent scolarisé·es majoritairement dans l’Ulis et ne participent qu’aux cours d’EPS et/ou d’arts plastiques avec leur classe de référence. Se pose dès lors la question des moyens et solutions à apporter dans le cadre de l’Ulis.
Pour être garantie, la continuité du parcours scolaire dans le second degré requiert une politique ambitieuse. Or, d’après le ministère, à la rentrée 2024, il y avait 5 477 dispositifs Ulis dans le premier degré et 5 569 dans le second degré, collèges et lycées confondus. Le compte n’y est donc pas et l’affichage ministériel de créer « une Ulis par collège d’ici 2027 » semble illusoire.
L’enseignement adapté dans le second degré, destiné aux élèves en difficulté scolaire persistante, est principalement assuré en Segpa^2^ qui, contrairement à l’Ulis, est une structure à quatre classes avec une dotation horaire propre au sein du collège. Dans le contexte continu de démantèlement de la prévention et de l’adaptation scolaire, la politique ministérielle contourne sa responsabilité en créant des sixièmes inclusives à moyens constants et en vidant leurs objectifs des ambitions des Segpa. Elle leurre les familles car, en fin de sixième, la très grande majorité des élèves reste en Segpa au regard de leurs grandes difficultés inscrites dans la durée.
Les unités externalisées
Depuis plusieurs années, des unités d’enseignement externalisées (UEE) sont implantées dans les écoles (UEMA et UEEA^3^) et les collèges. Elles sont un pas vers la désinstitutionnalisation et la scolarisation en milieu ordinaire des élèves porteur·ses de troubles du spectre autisitique.
Elles sont adossées à un IME et les enseignant·es spécialisé·es exerçant au collège alternent leurs enseignements entre les deux, l’IME restant un lieu d’apprentissage.
Dans les UEMA et UEEA, la scolarisation est assurée par un.e enseignant.e spécialisé.e, un.e ou plusieurs éducateur.rices et un.e ou plusieurs AESH.
Pour que ces dispositifs remplissent leurs objectifs, les exigences syndicales doivent être amplifiées afin de placer l’élève au cœur d’une approche globale et pluridisciplinaire. Cela passe par la levée des contraintes organisationnelles (temps de concertation, déplacement entre le collège et l’IME), d’accessibilité des locaux, d’installation des équipes pluriprofessionnelles avec des personnels titulaires, formé·es et le renforcement des formations initiale et continue. Pour avancer vers l’école émancipatrice pour toutes et tous les élèves, l’élaboration d’un projet commun syndical, associatif et citoyen.ne pose la question de la disponibilité de l’interpro pour construire un agenda qui mène vers la nationalisation de toutes les structures au service d’une société inclusive.
Magalie Trarieux, Bernard Valin
1. UliS : unité localisée pour l’inclusion scolaire
2. Segpa : section d’enseignement général et professionnel adapté
3. UEMA : unités d’enseignement maternelle autisme
UEEA : unités d’enseignement élémentaire autisme
IME : institut médico-éducatif