**Inclusion sans moyens**

La politique publique de l’inclusion scolaire des enfants handicapé.es a été épinglée par la Cour des comptes : des constats sont posés, à nous de répondre politiquement aux aspirations brisées de millions d’enfants et de futur·es citoyen.nes !
« La politique de l’école inclusive paraît souvent plus fondée sur l’affirmation de valeurs que sur un souci de maîtrise des financements que requiert leur mise en œuvre. »
Dans son rapport de 159 pages publié en septembre 2024, la Cour des comptes fait l’état des lieux des annonces de transition inclusive du système scolaire français. L’augmentation quantitative du nombre d’élèves scolarisé.es est pointée, tout comme le manque d’avancées qualitatives pour la réussir — insuffisance d’enseignant.es spécialisé.es, de formation initiale et continue idoine, d’accessibilité des locaux et des apprentissages. Elle avance des observations pertinentes sur les manquements du gouvernement, mais le rapport est décevant en cela que les préconisations qui sont faites accompagnent la politique austéritaire et de rationalisation des moyens — constants — de l’Éducation nationale et du médico-social. L’éloge de la logique managériale et capitaliste de gestion des personnels (PIAL, PAS) est révoltante !
Dans la partie consacrée à la couverture des besoins des élèves handicapé.es, la Cour des comptes soulève les inégalités territoriales, la politique de l’offre à l’œuvre et le désarroi des équipes. Elle déplore aussi l’absence de données permettant d’analyser le temps de scolarisation réel, la « réussite scolaire », le bien-être et le suivi du parcours scolaire des élèves handicapé.es. Impossible aussi de mesurer l’adéquation des parcours scolaires avec les projets de vie, les besoins et les souhaits exprimés par les premier.es concerné.es.
Pour l’École émancipée, il y a urgence à rompre avec la recherche de l’employabilité dans le système d’exploitation capitaliste des personnes handicapées qui sont les premières victimes dès la maternelle d’une politique publique de tri scolaire et social, qui plus est quand on est pauvres et racisé·es.
Notre syndicalisme de transformation sociale doit viser la transformation de l’école pour obtenir celle de la société, de manière dialectique. Notre responsabilité est de lutter pour gagner les moyens indispensables à l’émancipation de tou.tes les élèves. En s’organisant avec elles et eux, premier·es concerné·es et discriminées et aussi leurs familles, pour une autre politique totalement publique et inclusive.
Magalie Trarieux
Quelques Données chiffrées
En 2022, il y avait 436 085 élèves handicapé.es scolarisé.es en milieu scolaire ordinaire (+ 180 % depuis 2006) et 65 639 étaient en établissements spécialisés du secteur médico-social : soit plus de 3% du total des élèves.
Après le collège où iels représentent 4,4 % du total, les élèves handicapé.es sont sous-représenté.es au lycée général et technologique (0,9 % du total) et sur-représenté.es en lycée professionnel (4,9 % en 2021, contre 3 % en 2017).
27 % des enfants accueilli.es en IME ne bénéficient d’aucune heure de scolarisation, et 35 % ne reçoivent, au plus, que six heures seulement.
En 2022, environ 200 000 enfants en situation de handicap n’avaient pas de scolarité identifiée. Cela représente près d’un tiers (29 %) du total des enfants bénéficiant de droits ouverts par leur Maison départementale du handicap (MDPH) de rattachement.
Sources :MEN − rapport de la Cour des comptes, Unapei 2023, Association Ambition école inclusive (AEI).**