Les mesures du choc des savoirs, mais aussi le tournant autoritaire en éducation dont les dernières annonces d’Attal témoignent, le sous-investissement chronique aggravé par la politique austéritaire à venir, nécessitent une riposte à un niveau très élevé, impliquant personnels de l’éducation et parents, nous en sommes toutes et tous convaincu·es.
Il nous faut réfléchir à la manière de réunir les conditions pour atteindre ce haut niveau de mobilisation, qui articule travail de fond, mots d’ordre clairs et annonce de grève
On en a déjà fait le constat, la mobilisation contre le choc des savoirs a d’abord été celle du secondaire : les groupes de niveau, symbole du caractère ségrégatif et inégalitaire des politiques menées, ont été appréhendés tant du point de vue de l’attaque idéologique qu’ils représentaient que pour la perturbation du fonctionnement des établissements qu’ils occasionnaient. C’est certainement une explication de la plus grande mobilisation des personnels des collèges.
Pour le premier degré, cette mobilisation est à ce jour plus hétérogène, avec des succès singuliers dans certains départements. Et si les particularités de ces départements ont pesé, il est plus intéressant de regarder ce qui est transposable et ce sur quoi nous avons prise, pour généraliser ce niveau de conflictualité : Quels sont les ingrédients militants nous permettant de relever le défi que nous impose le gouvernement ? C’est un travail qui est devant nous pour une analyse fine, mais on doit souligner le fort activisme militant inscrit dans la durée, l’ancrage local de la construction de la mobilisation, la démarche unitaire et l’association des parents d’élèves. Ce sont ces mêmes ingrédients que l’on avait su réunir lors de la mobilisation contre la loi Blanquer.
Chez une grande part de nos collègues, Il y a un conflit de valeurs, plus ou moins conscient ou explicité, entre le métier tel qu’on aimerait l’exercer et celui qui nous est imposé. Ce conflit de valeur participe de la dégradation du travail et de la souffrance au travail. Ce Conflit de valeurs est renforcé par le choc des savoirs et les mesures récentes dans des nouveaux objets : les programmes et la labellisation, les évaluations nationales généralisées à la rentrée, les dotations en berne et l’autoritarisme contre le pari éducatif. Un des risques est qu’il se règle par un renoncement au métier. L’enjeu est donc grand. Il nous faut partager le plus possible que ce conflit est aussi celui, hautement politique, qui oppose deux visions du système éducatif : l’une défendant un métier luttant contre les inégalités d’apprentissage, l’autre portant un assujettissement toujours plus grand du métier avec pour visée l’exacerbation des inégalités.
La journée du 25 mai sera bien évidemment un test. Si le niveau de mobilisation est important, il impliquera une nouvelle journée de grève au mois de juin. S’il n’est pas à la hauteur de nos attentes, loin de renoncer, il nous faudra poursuivre le travail de conviction, travail de fond, faire du mois de juin un mois consacré au travail de terrain, pour faire percevoir le plus largement possible que nouveaux programmes et labellisation, évaluations, autoritarisme et sous-investissement s’agencent pour dégrader le métier et construire une école encore plus ségrégative. Ce travail, incarné par des mots d’ordre appelant clairement à l’action ne peut pas être reporté. Il est indispensable pour envisager une rentrée sous le signe de la lutte.
Diffusion et mise en débat de nos analyses de fond et appels au boycott des évaluations, à la non mise en œuvre des programmes, au refus du tri social qui doit être investi comme une démarche unitaire… Voici nos tâches.
Nous avions lors de notre dernier CN mis en perspective une grève à la rentrée. Elle est indispensable et la décision doit être prise maintenant pour en permettre la réussite. La date la plus opportune est certainement le premier jour de passation des évaluations nationales. Le lien avec les parents d’élèves, dont la mobilisation dépend à la fois des dynamiques qui leur sont propres (appel de la FCPE du 44 et du 93) que nos initiatives locales, peut prendre corps dans une alternance entre journée de grève et école morte pendant la période des évaluations. Nous devons aussi, comme l’a fait le 93, élaborer un plan d’urgence chiffré dans chaque département permettant d’aborder la question budgétaire avec des revendications inscrites dans tous les territoires pour porter, contre le choc des savoirs, la nécessité d’un choc des moyens.