Deux mois après l’adoption du budget pour 2024, l’exécutif impose l’annulation de 10 milliards d’euros de crédits et songe déjà à une loi de finances rectificative avant l’été. Si le programme de stabilité budgétaire ne laissait planer aucun doute sur la trajectoire des finances publiques à l’horizon 2027, on peut toutefois s’interroger sur la sincérité du gouvernement sur le budget de l’État et dénoncer la poursuite de mesures autoritaires imposées sans contrôle démocratique.
Cette volonté d’imposer des baisses de dépenses plutôt qu’une augmentation des recettes, montre l’incapacité de la majorité au pouvoir à tirer des enseignements des crises, passées comme à venir. En serrant la ceinture des ministères, que ce soit par l’annulation de crédits ou par les suppressions d’emplois, c’est toucher au fonctionnement des services publics et oublier qu’en tant qu’instruments de cohésion sociale et territoriale, ils devraient échapper aux logiques comptables.
Cette logique se vérifie dans l’éducation comme partout ailleurs, au mépris des comparaisons internationales qui montrent un sous-investissement de la France dans ses dépenses d’éducation, là où des pays moins riches consacrent une part plus importante de leur PIB. Notre ministère rendra aussi des crédits – notamment ceux qui auraient dû permettre de revaloriser les salaires et de rendre les métiers plus attractifs. Comme il va continuer à rendre des postes, en mettant à profit une baisse démographique qui lui permet d’afficher une amélioration de l’encadrement et des effectifs, tout en fermant des classes.
C’est dans ce contexte que va se déterminer la stratégie budgétaire des finances publiques pour l’année 2025, avec le début de la phase d’échanges avec les ministères. Comme il est peu probable que la vis se desserre, c’est l’occasion de tirer les enseignements de cette séquence pour se projeter plus loin et gagner une autre orientation.
Il s’agit de dénoncer l’instrumentalisation politique des moyens telle qu’elle est imposée aujourd’hui. Livrets des JO, uniforme, Pacte… les crédits sont pour la plupart contraints et ne bénéficient pas à l’amélioration du système éducatif. Les suppressions d’emplois se concrétisent par des fermetures de classes qui servent aussi de variables d’ajustement pour ouvrir les postes que le ministère a voulu prioritaires. Et si le nombre de suppressions est moins important que ce qui est inscrit dans le budget 2024, c’est qu’à la rentrée 2025, la note va être salée. A moins que la logique s’inverse, elle va se concrétiser par de nouveaux retraits d’emplois.
Or cette bataille s’est déjà engagée ces dernières semaines avec des fronts de refus des fermetures de classes, portés par les enseignant·es, les parents d’élèves et les élu·es. Jamais les CSA et CDEN n’ont été aussi contestés. Les parlementaires interpellent le gouvernement sur ces questions. C’est dire la disponibilité actuelle pour parler de l’École et de son avenir.
Il est donc primordial que la FSU-SNUipp continue à alimenter cet axe et porte des cadres de mobilisation pour défendre l’École et revendiquer d’autres moyens, en fédérant ces batailles locales. Gardons à l’esprit que d’autres font de l’école un champ de convoitises politiciennes, à commencer par les plus réactionnaires.