Pas d’enfants à la rue

À la rentrée scolaire 2024, Unicef France estimait à plus de 2 000 les enfants sans abri, dont près de 500 de moins de trois ans. Malgré les déclarations des gouvernements successifs, ce nombre d’enfants sans hébergement est en constante augmentation depuis plusieurs années. Cela s’explique par l’absence de logements, la saturation du numéro d’urgence sociale 115, la vision à court terme des politiques. Ces enfants abandonné·es par l’État sont confronté·es à une exclusion, un mal-être pouvant entraîner de l’anxiété, des traumatismes et une santé mentale fragile. Et comment être scolarisé·e sereinement dans ces conditions ? Comment imaginer acquérir une posture d’élève quand la veille, on a dormi dehors, sous une porte cochère, dans une voiture ? En 2022, le gouvernement annonçait l’objectif «  zéro enfant à la rue » : force est de constater que nous en sommes très loin.

Aucun territoire n’est épargné même si, a priori, les métropoles sont plus touchées. Ainsi, en Loire-Atlantique, d’après une enquête flash menée par la FSU-SNUipp 44, plus d’une trentaine d’élèves dorment à la rue, principalement à Nantes. Des équipes envisagent d’ouvrir les écoles la nuit pour accueillir les familles. L’augmentation de ces situations a poussé la FSU de Loire-Atlantique à demander une audience à la préfecture le vendredi 15 novembre 2024 pour trouver des solutions à des situations critiques. En parallèle de cette audience s’est tenu un rassemblement de plusieurs dizaines de personnes : parents d’élèves, enseignant·es et militant·es d’organisations syndicales et associatives. Sans surprise, les réponses de la préfecture ne répondent pas à la réalité sordide vécue par les familles. En plus du sempiternel argument du « nous faisons déjà beaucoup », la délégation FSU a eu le droit à des réponses inacceptables telles que : « nous ne pouvons accueillir tout le monde », « les autres collectivités ne jouent pas le jeu ». Mais la réalité est que les droits au logement et à l’éducation sont bafoués et que des vies sont en danger. La délégation a demandé la réquisition de logements vacants, alors que se profile le plan hivernal.

Il est urgent que des solutions pérennes soient trouvées. Cela passe par l’augmentation des places d’hébergement, promise depuis janvier 2024. Cela passe aussi par l’augmentation des moyens financiers alloués aux collectivités territoriales, aux services de l’État, aux associations. Mesure qui va totalement à l’encontre du plan d’austérité imposé par le gouvernement Barnier à l’ensemble de la population. Cela suppose aussi une mobilisation nationale, que la FSU pourrait initier dans un cadre large regroupant syndicats et associations pour qu’aucun·e enfant ne soit à la rue, ni aujourd’hui ni demain.

Bernard Valin