Nos précédents numéros se sont attachés à dénoncer les offensives de l’extrême droite, ainsi que les risques liés aux dérives autoritaires de nos gouvernant·es. Nous savions que le péril était proche, mais pas aussi imminent ! Depuis l’annonce de la dissolution le 9 juin, nous n’avons jamais été aussi près d’une prise du pouvoir par le camp réactionnaire, raciste et illibéral.
Dans ce contexte inédit, la gauche et notre syndicalisme de lutte et de transformation sociale doivent prendre leurs responsabilités et tirer les leçons de l’histoire. Nous ne pouvons nous permettre de nous résigner. La gauche réunie atteint près du tiers des voix du dernier scrutin, ce qui est loin d’être une défaite au regard du score du RN de Bardella. Nous ne devons pas nous laisser voler le récit médiatique, instrumentalisé par les intérêts des macronistes et de Bolloré, qui avec le patronat, préféreront toujours le choix du pire. Comme le patronat en 1936 qui déclarait : « plutôt Hitler que le Front populaire ».
Et si la situation que nous traversons, malgré son aspect dramatique, était une chance historique pour la gauche ? D’aucun·es pensaient les gauches irréconciliables et incapables de s’unir. En quelques jours, des accords électoraux et un programme ont finalement été possibles. Mais construire ce front commun ne veut pas dire être d’accord sur tout, de même que des divergences de fond existaient au sein des partis du Front populaire en 1936. Cela veut dire au contraire créer les conditions d’une opposition résolue face aux compromis immondes du libéralisme autoritaire et du fascisme du camp adverse. Les macronistes, LR et le RN ne nous ont pas attendu·es pour imaginer et mettre en œuvre la casse de notre modèle social, de notre système éducatif et pour aller toujours plus loin dans la violence de classe.
À notre tour, nous pouvons peser et renverser la dynamique ! Nous pouvons faire d’une victoire de la gauche, la possibilité d’un débat qui débouche, comme en 1936, sur la création de nouveaux droits et de nouveaux progrès dans le champ politique et social. Nous devons faire des appels à l’unité et à manifester contre l’extrême droite, le premier rempart pour l’empêcher d’accéder au pouvoir, mais surtout, les bases programmatiques sur lesquelles le Nouveau Front populaire se devra de prendre appui. Nos mandats syndicaux, et a fortiori les luttes et mobilisations en cours, devront être les boussoles et les aiguillons pour imposer la mise en œuvre des revendications populaires. La gravité des enjeux nous oblige et notre vigilance sera implacable !
Damien Besnard