Après la dissolution de l’Assemblée nationale, le RN, donné comme probable vainqueur des législatives, tergiverse sur le retour à la retraite à 62 ans ou la réduction du taux de la TVA. Mais pour la chasse aux étranger·es et l’islamophobie, en revanche, la priorité est de mise.
La victoire de l’extrême droite avec plus de 40 % des voix est une vraie menace pour toutes les personnes racisé·es et les migrant·es. Elle est le résultat de la politique xénophobe et raciste menée par les gouvernements successifs, notamment depuis l’élection de Macron, qui n’ont pas hésité à instrumentaliser les attentats, la laïcité ou la guerre à Gaza contre les musulman·es.
De Blanquer qui fustigeait dès qu’il en avait l’occasion les « islamo-gauchistes » jusqu’à Attal et son interdiction du port de l’abaya à l’école ou encore Darmanin avec la dissolution d’associations antiracistes facilitée par la Loi séparatisme, le gouvernement a entretenu le climat raciste dans le pays. Dans les médias, Cnews, porte-parole de l’extrême droite, a affiché quasi quotidiennement son rejet de l’islam et de l’immigration.
Dans le vote RN, le racisme reste un déterminant de poids. Ainsi, une enquête Ifop de juin 2023 montrait que parmi les électeur·rices du RN, le seul·es 31 % pensent que « la France doit maintenir sa tradition d’accueil des réfugié·es », contre 49 % chez l’ensemble des Français·es.
Le vote en décembre 2023 de la loi Immigration, copié collé d’un tract RN, aggrave la condition des migrant·es en fragilisant le droit d’asile alors que la dématérialisation des procédures a considérablement augmenté les délais pour obtenir des papiers. Avec cette loi, Macron a mis son action dans la roue du RN. Il persiste et signe en qualifiant le Nouveau Front populaire de « totalement immigrationniste », une expression forgée par Jean-Marie Le Pen. Un gouvernement issu d’une alliance « sauve qui peut » entre Renaissance et LR déboucherait sur une radicalisation des attaques contre toutes les personnes racisé·es et les migrant·es et une nouvelle mouture de la loi immigration avec ses articles, censurés pour la forme, qui actaient la préférence nationale.
Une victoire du RN signifierait, elle, une tentative d’application immédiate des mesures xénophobes et racistes de son programme :
➜ suppression du droit du sol (déjà entamé depuis 2018 à Mayotte) pour instituer la naturalisation par décret ;
➜ suppression de l’Aide médicale d’état (AME) qui mettrait en danger les migrant·es et plus largement toute la population et l’hôpital ;
➜ application de la préférence nationale pour de multiples allocations ;
➜ pénalisation des familles de délinquant·es et rétablissement de la double peine (expulsions et/ou déchéance de nationalité).
Derrière la rhétorique identitaire et le rejet des étrangè·res gît l’hypocrisie de l’emploi de centaines de milliers de personnes sans papiers qui contribuent à la production des richesses. Les discriminations, les intimidations et les agressions se multiplient contre elles. Il est donc urgent de rejoindre et de renforcer toutes les organisations de défense des droits et des libertés, de soutien aux migrant·es ou d’action contre le racisme et l’antisémitisme. De RESF à Visa en passant par la LDH, le Mrap et les collectifs locaux antifascistes, faisons front populaire pour les droits humains.