La FGR-FP au cœur des luttes des retraité-es

Alors que l’avenir de la FGR-FP pourrait apparaître comme menacé, son
rôle déterminant dans les mobilisations en cours des retraité-es de la
Fonction publique exige que la FSU y consacre les forces nécessaires.

La Fédération Générale des Retraités (ancienne orthographe) a été
créée en 1936 par Marthe Pichorel, une militante syndicaliste et
socialiste. Pour elle comme pour les autres fondateurs, « la FGR est
en contact permanent avec le monde du travail groupé dans la CGT ».

Devenue depuis lors FGR-FP (Fonction Publique), celle-ci est restée
fidèle à son esprit originel. La FGR-FP est une organisation syndicale
des retraité-es de la Fonction publique, unitaire et en lien permanent
avec le syndicalisme des actifs et actives. C’est ainsi qu’elle réunit
des retraité-es venant de différents syndicats et pas seulement de la
FSU, d’associations et des adhérent-es direct-es. La FGR-FP est donc
plurielle et unitaire, associative et syndicale. Elle met en oeuvre
une stratégie de lutte sans concession contre les gouvernements
récents, de droite comme « de gauche ».

C’est en opposition à cette stratégie de lutte offensive que le
SE-UNSA, dans sa volonté d’accompagnement des attaques
gouvernementales contre le code des pensions, a décidées
unilatéralement en janvier 2016 de quitter la FGR-FP. Cette manœuvre
bureaucratique, nul-le ne peut le nier, a porté un coup au
syndicalisme retraité. Celui-ci est affaibli par la perte quantitative
comme qualitative d’une fraction significative de ses
militant-es. Avec y compris les conséquences financières que l’on peut
imaginer. Au point que certain-es dans les rangs des syndicats
nationaux de la FSU affiliés à la FGR-FP en sont venu-es à
s’interroger sur l’utilité de continuer à faire vivre, par leur
investissement militant, une organisation qui ponctionne des forces
qui pourraient être consacrées aux Sections Fédérales des Retraité-es
de la FSU.

Pourtant, à ce jour, ce serait une erreur que de renoncer à s’investir
dans la FGR-FP, et ce pour de multiples raisons. Tout d’abord parce
que s’il est exact que les confédérations syndiquent leurs propres
retraité-es de la Fonction publique, le fait est que celles et ceux-ci
ne pèsent pas lourd en leur sein face au poids des retraité-es du
privé. La FGR-FP est donc la seule organisation qui défend les
intérêts propres des retraité-es et de leur Code de la Fonction
publique. À ce titre, et compte tenu de son histoire, elle est
reconnue comme interlocutrice par les pouvoirs publics. Il en est de
même de la part des confédérations syndicales qui reconnaissent
aujourd’hui le rôle spécifique de la FGR-FP.

Plus important encore, celle-ci a très fortement contribué, dans la
dernière période, à la construction d’un mouvement « retraité-es »
dynamique, oppositionnel comme propositionnel, qui a été capable
depuis 2014 de mettre dans la rue des centaines de milliers de
retraité-es. Ceci bien sûr en synergie avec la FSU qui fournit une
part significative des responsables et des militant-es. La FGR est
donc ainsi devenue en quelques années un axe essentiel d’un mouvement
retraité-es qui, sans se doter à proprement parler de structures
institutionnelles pérennes, se réunit de façon régulière pour élaborer
et mettre en œuvre les mobilisations face aux attaques
gouvernementales. Cette structure souple, désormais connue sous le nom
de « Groupe des neuf » (ou G9), réunit sept organisations syndicales
de retraité-es (dont les Unions Confédérales Retraité-es de la CGT, de
FO et de Solidaires ainsi que la FSU) et deux associations, sans la
CFDT et de l’UNSA dont les stratégies d’accompagnement des politiques
d’austérité et de casse de la protection sociale et des services
publics ne peuvent s’accommoder de la politique offensive du G9.

Le prochain congrès de la FGR-FP, fixé en avril 2019, approche. Des
projets de textes d’orientation sont en débat. La question du
renouvellement des équipes militantes est posée, avec déjà des
réponses au moins partielles. Il importe que la FSU continue à
apporter, dans la mesure de ses moyens, son appui au fonctionnement et
au renforcement de la FGR-FP. Nous, militant-es retraité-es de l’école
émancipée, saurons prendre notre part à ce combat qui contribuera à la
défense du Code des pensions et de nos retraites. Bien entendu, en
solidarité avec les actives et les actifs pour la sauvegarde de la
protection sociale et des retraites.

Jean-Marie Canu