Le vrai courage politique serait-il de reculer ?

Il faut s’alarmer de la résurgence de l’ordre moral et de ses conséquences notamment dans l’éducation nationale. Devant les mobilisations des extrémistes qui refusent l’égalité des droits, le gouvernement reporte sa loi « familles », alors même qu’il avait déjà renoncé à tenir ses promesses, notamment au sujet de la PMA pour les couples de femmes. Dans la foulée, l’éducation annule des conférences qui devaient traiter de l’égalité filles-garçons et de la lutte contre les stéréotypes. Des établissements scolaires suppriment des interventions d’associations luttant contre l’homophobie. Le dispositif d’écoute Ligne Azur, victime d’attaques informatiques, n’a plus été opérationnel pendant un certain temps.

Quelles seront les prochaines attaques et les prochaines reculades ? L’éducation à la vie affective et sexuelle sera vraisemblablement la prochaine cible, et ensuite ? Les responsables religieux réclameront-ils un droit d’ingérence sur les programmes scolaires ? Assistera-t-on à l’introduction des thèses créationnistes dans les programmes de SVT ?

Lutter contre le sexisme et l’homophobie s’inscrit dans les missions de l’école, au même titre que la lutte contre le racisme, dans la même logique de prévention des discriminations et des violences. Envisagerait-on de ne plus s’en préoccuper ?

Non, reculer n’est pas la solution, au contraire ! En voulant effacer le mot « genre » des publications, le ministère de l’éducation a contribué à le rendre suspect et a alimenté la théorie du complot ! Même s’il semble dernièrement revenir à la raison, le mal est fait. En réaction, des citoyen-nes se mobilisent, notamment via une pétition initiée par des universitaires *.

Il faut choisir : céder aux pressions obscurantistes, ne plus lutter contre les stéréotypes, c’est accepter les inégalités, les écarts de salaires, les injustices, les violences, c’est accepter que des femmes soient battues, violées, que des adolescent-es se suicident, que des homosexuel-les soient agressé-es ! Et il faut que ce choix soit clair. Le service public de l’éducation nationale doit continuer à lutter avec énergie et conviction contre toutes les discriminations, racisme, sexisme et LGBTphobies, se donner les moyens de généraliser le dispositif ABCD à toutes les écoles, et faire en sorte que trois séances effectives d’information et éducation à la sexualité puissent être enfin dispensées à tou-tes les élèves dans le courant de chaque année scolaire. L’éducation à la sexualité et à l’égalité mérite des moyens qu’elle n’a toujours pas, notamment en terme de formation des personnels. Là est le vrai courage politique !

* Pétition des universitaires « Les études de genre, la recherche et l’éducation : la bonne rencontre » : http://genrerechercheeducationrencontre.unblog.fr