Congrès national du SNEP (textes de l’EE)

Les libéraux mènent et gagnent, pour l’instant, une véritable guerre de classes. Emploi, salaires, retraites, santé, éducation, justice, droits et libertés.., aucun secteur n’échappe à leurs attaques qui transforment et détériorent notre quotidien, le quotidien de la très grande majorité de la population, au seul bénéfice de quelques uns. La période est rude pour les salariéEs, les privéEs d’emploi, les jeunes, les retraitéEs… et le syndicalisme est en grande difficulté face à la violence du capitalisme et aux dégâts qu’il engendre. Le SNEP et la FSU s’inscrivent dans un syndicalisme de transformation sociale, ce qui pour nous veut dire que les revendications que nous portons ou que nous choisirons de porter consécutivement à nos débats dans ce congrès, dessinent les contours d’une autre organisation sociale que celle que nous subissons. Mais cela veut dire aussi que nos mandats, ce que nous déciderons ensemble comme mises en oeuvre pour voir aboutir ces revendications, doivent eux aussi nous inscrire dans cette perspective de transformation sociale. Il est question que le SNEP sorte de ce congrès avec une réaffirmation de son « projet culturel et social ». A la veille d’échéances électorales professionnelles décisives, parce qu’elles vont redessiner la carte des organisations syndicales représentatives, éclairer le vote des électrices et électeurs par l’identification du projet de société que vise, in fine, l’ensemble de nos revendications, nous semble une excellente chose. Ceci sous-entend pour nous, de resituer, plus encore que nous le faisons habituellement, nos revendications pour l’EPS, le sport scolaire, les pratiques physiques, dans le cadre d’une réflexion approfondie autour de la question : « de quelle société voulons-nous ? » et des multiples questions qu’elle soulève : Si nous voulons une société qui réponde aux besoins sociaux, quels sont-ils ? Comment et par qui sont-ils définis ? Comment y répond-on ? Par un système de protection sociale ? Lequel ? Pour qui ? Comment le finance-t-on ? Par des services publics ? Lesquels ? Où ? Pour qui ? Comment ? Et là encore, comment les finance-ton ? Et parmi ces Services Publics quel service public du sport ? Quel sport ? Quel service public d’Education ? De quelle Ecole a-t-on besoin ? Pour qui ? Par qui ? Donne-t-on la même chose à touTEs ? A qui donne-t-on le plus ? Quelle éducation prioritaire ? Quels rythmes scolaires ? Quelle articulation entre les disciplines ? Quelle place pour l’EPS et le sport scolaire ? Quelle EPS, quel sport scolaire ? S’il n’est pas question, bien sûr, que le SNEP, organisation syndicale de métier, élabore un programme politique, nous pensons néanmoins indispensable que notre activité militante et les termes de nos débats se nourrissent, s’enracinent dans des Allers-Retours permanents entre général et particulier, entre globalité et spécificité. Nous défendons l’idée, vous le savez, que les nouveaux programmes d’EPS, l’accompagnement éducatif, l’expérimentation du dispositif « cours le matin, sport l’après-midi » sont les conséquences, pour notre discipline, des politiques libérales qui affectent l’ensemble des droits et acquis sociaux, services publics et Ecole de la maternelle à l’université. C’est donc, pour nous, parce que nous aurons, avec nos partenaires : – [*développé la compréhension des politiques libérales mortifères,*] – [*permis une prise de conscience de la réalité et de la cohérence de la politique des gouvernements en France, en Europe et dans le monde, que nous pourrons, ensemble, les combattre et participer à la construction d’une alternative au capitalisme dont nous avons urgemment besoin.*] Nous pensons en effet que seule une telle alternative nous permettra de voir aboutir nos revendications, tant celles-ci sont incompatibles avec le modèle libéral à l’oeuvre… Nous voyons bien que les milliards offerts aux banques, les cadeaux faits aux riches, les exonérations de cotisations sociales accordées aux patrons et leurs conséquences sur la protection sociale, la remise en cause du droit du travail, le développement de la mobilité, de la flexibilité, la RGPP, le dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et leurs conséquences pour les services publics, s’opposent à notre projet d’émancipation collective dans lequel l’EPS, le sport scolaire et une certaine forme de pratiques physiques ont toute leur place. Puisqu’il n’est pas question d’en rabattre sur nos revendications – non seulement légitimes mais justes – pour les adapter à ce que nous pourrions appeler un real-syndicalisme, le défi qui nous attend, pour avoir une chance de les voir aboutir, est bien celui de la création du rapport de force qui sera capable, rien de moins que d’imposer un autre modèle social… plus démocratique, plus juste, plus solidaire. Ce rapport de force devra être de très haut niveau, tant le mépris des gouvernements et de leurs représentants à l’égard de l’expression des populations est violent. Nous l’avons vu en France à l’automne pendant le mouvement sur les retraites, mais aussi en Grèce, en Irlande, en Espagne, aujourd’hui au Portugal et en Grande Bretagne au cours des mobilisations contre les plans d’austérité annoncés pour rassurer les marchés et satisfaire ceux qui, sans honte, confisquent une part toujours croissante des richesses produites, spéculent contre la vie de la très grande majorité de la population, mettant en péril les solidarités conquises par le salariat : les résistances existent mais n’ont pour l’instant pas permis de renverser le cours des choses. Et pourtant, c’est bien de cela dont nous avons besoin en tant que citoyenNEs, en tant qu’agents de la fonction publique, en tant que professeurs d’EPS et de sport : renverser le cours des choses pour qu’un autre monde soit possible ! La question de la construction d’un tel rapport de force pose immédiatement la question de l’activité syndicale à développer pour y parvenir et bien sûr des relations que nous entretenons avec nos partenaires du mouvement social : nos partenaires privilégiés que sont les autres composantes de la FSU, mais aussi les organisations syndicales de l’intersyndicale interprofessionnelle, de la fonction publique et de l’Education, les associations et organisations politiques que nous rencontrons dans le cadre des collectifs et forums auxquels nous participons. Le SNEP a maintes fois fait la preuve de sa capacité à mobiliser, au-delà de ses seulEs syndiquéEs. Nous souhaitons que soit débattue, au cours de ce congrès, l’activité militante que nous devrons mener pour que cette force indéniable soit partie prenante de ce rapport de force que nous voulons, que nous devons, construire. Voilà, nous soumettons bien sûr l’ensemble de cette intervention aux débats que nous aurons toute cette semaine. Débats constructifs qui nous permettront de repartir dans nos académies et départements dynamiséEs de ces temps de partage, de convivialité qui sont la marque du SNEP, mais aussi riches de nos différences d’approches et d’analyses.

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