Recrutement-formation des enseignants : une rupture inacceptable du projet fédéral de transformation sociale.

Ce soir nous sommes sans doute très nombreux, de toutes tendances, de toutes sensibilités, de tous syndicats qui nous sentons trahiEs, bafouéEs et qui demain n’assumerons pas devant celles et ceux qui depuis de longs mois se battent, de la maternelle à l’université, pour s’opposer aux “réformes” destructrices de Sarkozy, Fillon, Darcos et Pécresse, les votes au CTPM, du SNES et du SNEP. Car le pire c’est que la FSU elle-même est éclaboussée.

Au nom de l’Ecole Emancipée, mais nous en sommes sûrs au nom de très nombreux camarades, nous demandons fermement des explications aux syndicats nationaux qui ont décidé de ces votes inacceptables et lourds de conséquences avant de réagir publiquement.

La “réforme” du recrutement et de la formation des enseignants pouvait être battue, le mouvement dans le Sup en donnait l’élan, les contestations au sein même de l’institution le légitimait.
Or, pour la première fois, la FSU apparait comme s’opposant, de fait, à une mobilisation exceptionnelle. Par la volonté délibérée de certains, tout a d’abord été fait pour empêcher une démarche fédérale. Puis de nombreux signaux ont été envoyés publiquement permettant aux ministres, après avoir laissé le mouvement du supérieur et de la Recherche s’épuiser, de passer en force. Et au bout du compte, ce sont ces votes au CTPM, sur les décrets Darcos (tous de même nature et concrétisant une réforme dont la FSU revendiquait toujours l’abandon à l’entrée du CTPM !), La « FSU » (c’est ainsi que la presse le présentera) a donc voté :
– en abstention sur les décrets certifiés, CPE, agrégés (champ de syndicalisation SNES)
– en refus de vote sur le décret Professeurs d’EPS (champ de syndicalisation SNEP)
– heureusement en contre sur les décrets PLP et PE (champs de syndicalisation SNUipp-SNUEP)
Qu’est-ce qui peut justifier, par rapport à la politique gouvernementale incarnée dans l’éducation, de telles différences de positionnements de la FSU ?

Cette première trahison, la plus grave, nous – car malheureusement et malgré les batailles internes et externes des syndicats FSU directement concernés, c’est bien « la FSU » qui sera mise en cause – allons la payer au prix fort.

Rien ne justifie que le fédéral ait, sur un sujet aussi fédéral, été écarté au profit d’une intersyndicale enseignante qui n’a pas voulu tenir compte des luttes en cours, des protestations unanimes contre la réforme et la méthode Darcos, qui a écarté de fait de la décision (et donc de l’image publique portée par la FSU) plusieurs syndicats concernés par l’avenir de la formation des maîtres et les composantes de la fédération qui représentent des milliers de syndiqués ainsi niés par les syndicats à fonctionnement majoritaire.
Que la FSU se retrouve aux côtés du CSEN dans ces votes sur le second degré général et technologique est proprement scandaleux. Que des décisions aussi lourdes que l’abstention ou le refus de vote aient été prises sur la seule base de secrétariats, sans même référence aux instances délibératives est consternant et inadmissible. Dans tous les cas cela nous autorise à une totale liberté d’expression interne comme externe.
Qui dans la FSU peut considérer aujourd’hui que nous sommes face à un gouvernement avec qui il serait possible de transiger, négocier, passer des compromis ? Cette question est loin de ne concerner que le microcosme enseignant dans la FSU. Elle concerne tous les syndicats, tous les secteurs qui au quotidien luttent et s’opposent aux politiques néo-libérales dévastatrices qui sont en train de transformer la société.

L’Ecole Emancipée a porté, avec d’autres, la volonté d’une FSU offensive, solidaire, fédérale dans la construction et la mise en œuvre de ses mandats. Malgré ses limites, la FSU a été un puissant outil dans les luttes, au cours de ces dernières années.
Il est clairement apparu, notamment au congrès du SNES, que certains entendaient siffler la fin de cette fédération. C’est à une vraie faillite de ce projet que nous assistons sur ce dossier dit de “mastérisation”. Nous refusons un syndicalisme de type FGAAC, corporatiste et diviseur.
Ce qui est en cause ce sont 15 ans de construction d’une fédération syndicale s’inscrivant dans un syndicalisme de transformation sociale. Nous ne laisserons pas, sans réagir, dilapider la richesse et la force de l’investissement militant de milliers de militants et syndiqués.

Nous ne pouvons en aucun cas cautionner une telle orientation des SN. Nous nous estimons légitimes à le dire haut et fort en interne et en externe. Nous n’entendons pas baisser les bras devant cette remise en cause d’un projet fédéral qui reste pour nous un outil indispensable pour l’ensemble des salariés face aux attaques du néo-libéralisme. Nous sommes prêts, dans le respect des orientations des uns et des autres, à débattre de toutes les initiatives permettant à celles et ceux qui continuent à vouloir construire avec la FSU, un syndicalisme de transformation sociale, de se rassembler pour gagner.

Les éluEs Ecole Emancipée au BDFN de la FSU

Jean-Michel Drevon ; Renaud Bousquet, Marie Ganozzi, Jean-Marie Canu, Edwige Friso, Springsfields Marin, Laurent Zappi, Sophie Zafari, Isabelle Sargeni-Chetaud.