Véronique Ponvert sur la situation générale…

La grève de jeudi est bien médiatisée ; les médias parlent bcp de la SNCF, c’est vrai, mais comme les cheminots ont choisi le 22 pour manifester, les journalistes insistent sur le fait qu’ils le font AVEC les fonctionnaires qui sont en grève… Et la grève du 22 est bien relayée, elle l’est pour de bonnes raisons, on n’a jamais autant parlé des SP. Elle est même très valorisée, les médias parlent de semaine « noire », de semaine de « colère sociale » et de moment charnière pour le gouvernement…

Mais après le 22, qu’allons-nous faire ? Quelle stratégie syndicale, quel discours auprès des agents et de la population, quelles modalités d’action allons-nous proposer ? Ce sont à ces questions que nous devons répondre au cours de ce CDFN.

Les cheminots ont pour leur part avancé des éléments de réponses : ils ont élaboré une stratégie de lutte, ils s’inscrivent dans la durée, ils feront des grèves d’usure, pas moins de 36, ils occuperont le terrain plusieurs semaines durant ! C’est un véritable bras de fer qu’ils entament avec le gouvernement. Ce n’est pas une réponse magique, mais ça donne à réfléchir…

Car nous aussi, nous devons poursuivre au-delà du 22 : c’est vrai, nous n’avons pas le rapport Spinetta, mais franchement, à y regarder de près, nous n’avons rien à « envier » si on peut dire, à la situation des cheminots : les déclarations de Darmanin le 1er février et les orientations de CAP 22 renferment tout autant de provocations et d’attaques gravissimes contre les SP et les agents. La privatisation (de certaines lignes de chemin de fer, et de certaines missions de SP), les attaques contre le statut (détruit pour le futur cheminot, et recours au contrat dans la FP), les menaces sur les régimes de retraites, les salaires, les suppressions de postes, la dégradation des services rendus aux usagers… Les attaques sont aussi graves de part et d’autre.

Pourtant, on peut se le dire ici, nous pensons que tout n’a pas été fait pour alerter les collègues sur les projets du gouvernement : nous avons mené campagne sur les salaires, ce qui est nécessaire, et qui a permis de maintenir une démarche unitaire au sein de l’intersyndicale. Mais nous n’avons pas assez alerté sur la nature des réformes voulues par le gvt, sur les attaques contenues dans CAP 22, sur l’enjeu considérable qu’il y a à defendre le statut de fonctionnaire et l’avenir de la FP…

On n’est malheureusement pas dans une situation habituelle, à envisager une grève de printemps pour faire valoir nos acquis : non, il s’agit d’autre chose, il faut mobiliser et mener la lutte pour sauver notre peau ! Et pour porter évidemment un autre projet de société, basé sur la solidarité et l’égalité, dont les SP sont un outil essentiel.

Nous ne disons pas qu’il est facile d’entraîner les collègues dans un combat quel qu’il soit, nous connaissons les difficultés de la période.
Mais nous disons juste que ce gvt ennemi ne perd pas de temps et qu’il cogne sans relâche, ce qui nous oblige à changer de manière de faire et à réfléchir à notre stratégie : plusieurs propositions :

  • d’abord, il faut informer nos collègues sur le contenu de CAP 22 pour construire la mobilisation : adoptons un discours combatif pour les alerter, disons clairement que la FP est en danger, danger d’affaiblissement, de privatisation, de démantèlement. Envisageons avec l’intersyndicale une stratégie de mobilisation sur toute la durée de CAP 22, proposons des perspectives à nos collègues.
  • Ensuite, veillons à articuler la situation faite aux agents et l’intérêt général porté par les SP : il y a de fait convergence d’intérêt entre les agents et les usagers des SP, et cela pourrait s’incarner dans une grande manifestation nationale en mai-juin, pour la défense des SP et pour un autre projet de société. Nous pouvons porter dès maintenant une telle perspective.
  • Enfin, réfléchissons aussi au message que nous envoyons aux agents à travers notre positionnement face au dialogue social : il est tout simplement illisible… On sait que ce gvt prétend se passer des cadres intermédiaires, qu’il gouverne par ordonnances au mépris de la démocratie, qu’il piétine en réalité tout dialogue social. Les agents le savent, eux aussi. Alors quand la FSU décide de se rendre aux réunions de CAP 22, c’est incompréhensible. Pire, cela entraîne la démobilisation des collègues, et entre nous, ça fait bien rire Macron et compagnie.

    Ne pas participer à ces réunions, ce n’est pas pour nous défendre une posture ou une position de principe, ce n’est pas dans les habitudes de l’EE. C’est juste qu’il faut prendre la mesure du changement qu’opère Macron, et nous aussi changer radicalement notre stratégie syndicale pour faire échec à la destruction « en marche » de notre modèle social, l’enjeu est de taille !