Cécile Ropiteaux : inlassablement, lutter contre l’extrême droite et ses idées

Nous sommes aujourd’hui à la veille des élections départementales, pour lesquelles est annoncée une nouvelle progression de l’extrême-droite : le FN est à 33 % dans les sondages, et il se targue de compter parmi ses candidat-es des transfuges d’autres partis politiques, des syndicalistes et de nombreux enseignant-es… Le risque est grand que 3 ou 4 départements se retrouvent gérés par l’extrême-droite, qui au minimum sera en position d’arbitre dans de nombreux cantons. A l’occasion de la législative partielle dans le Doubs, on a de nouveau constaté la porosité entre FN et UMP, dont la moitié de l’électorat se déclare favorable à des alliances avec le FN.

Comment agir concrètement ? Des collègues, des militant-es interpellent notre fédération, notamment au sein de l’Observatoire. Oui, l’extrême-droite aux manettes dans les communes vient bien impacter leur vie, mais aussi leurs conditions de travail.

J’en profite pour annoncer que l’Intersyndicale CGT-FSU-Solidaires prévoit une rencontre nationale de l’Observatoire des villes gérées par l’extrême droite le 6 mai à la Bourse du travail de Béziers. Il sera intéressant que des professeur-es des écoles viennent aussi y témoigner et participer à la réflexion collective.

Inlassablement, nous devrons continuer à montrer que l’extrême-droite n’est pas une alternative, sans rien lâcher à la fois sur nos exigences de justice sociale et sur la lutte contre les discriminations, plus que jamais urgente et nécessaire, sur le refus sans ambiguïté de toutes les formes de xénophobies, et notamment racisme, antisémitisme et islamophobie. Et même si ce dernier terme fait débat, nous nous retrouvons dans la volonté de lutter contre cette forme de racisme qui prend le prétexte de la religion pour se donner un aspect présentable.

Lutter contre les idées d’extrême droite, c’est aussi avoir un positionnement clair et ferme pour dénoncer les dérives sécuritaires, et notamment les procédures pour apologie du terrorisme à l’encontre de mineur-es qui ont exprimé ne pas « être Charlie » ; c’est avoir un regard critique sur certaines mesures annoncées par le ministère de l’éducation nationale, comme celle concernant « l’autorité du maître », vieux dada du discours de l’extrême-droite sur l’école ! Quant à la mise en place de la réserve citoyenne, ne doit-elle pas nous inspirer un certain degré de défiance ?

Certaines de ces mesures sont perçues comme de la provocation dans les quartiers populaires, et les syndicats enseignants sont interpelés dans des établissements scolaires, ou des tribunes de presse. Attention de ne pas nous couper de ces populations qui vivent la stigmatisation au quotidien. Il nous faut retisser du lien, recréer du collectif, et à l’école apprendre ensemble pour vivre-ensemble.

Lutter contre les idées d’extrême droite, c’est aussi faire vivre la démocratie dans l’école, ce qui nécessite des moyens conséquents en terme de formation initiale et continue ; c’est écouter les élèves, les jeunes et leur donner des espaces d’expression et de débats, c’est faire partager concrètement des valeurs communes, sur la base de la laïcité, en se nourrissant des principes de la loi de 1905, laïcité qui permet de faire société, et non d’exclure.

Les événements des 7 au 11 janvier nous ont bouleversé-es. A nous d’en tirer les leçons, et d’envisager des leviers d’action, au bénéfice du plus grand nombre.