Tisser des liens pour imposer les questions sociales et écologiques dans le débat public

Intervention de Claire Bornais (SN) sur la situation générale

Depuis notre dernier CDFN, la situation sociale et politique dans le pays ne s’est pas vraiment améliorée. Même si le gouvernement annonce une baisse du chômage, nous savons bien que la situation des personnes les plus fragiles économiquement va se dégrader dans l’ensemble dans les mois à venir. La réforme de l’assurance chômage va les toucher en premier lieu et la hausse massive des prix de l’énergie va achever de grever le budget de beaucoup de familles déjà au bord du gouffre. Le gouvernement continue d’avancer résolument dans son projet néolibéral destructeur pour les services publics.

Pour autant, les journées d’action du 23 septembre dans l’éducation et du 5 octobre au niveau interprofessionnel n’ont pas été à la hauteur des espoirs et de l’engagement des militant-es du mouvement social, et surtout pas à celle de la gravité de la situation. Elles ont néanmoins été considérées d’un bon œil par les collègues, même s’ils et elles ne s’y sont pas impliqué-es. Ces deux journées ont également bénéficié d’une couverture médiatique globalement plutôt favorable.
Cela pose bien sûr question. Faut-il en conclure que nous devons attendre la fin des élections présidentielles et législatives , c’est à dire le début de l’été 2022 pour relancer des mots d’ordre de mobilisation et avoir quelque chance d’être suivis ? Nous ne le pensons pas à l’EE.

Si, sur le plan politique, la question électorale va peser inévitablement dans les débats, cela ne doit pas être paralysant. Si nous ne rendons pas visibles ces sujets, ce n’est pas l’extrême droite omniprésente dans les médias, jusqu’à la nausée, qui va parler du climat, des droits des femmes ou de ceux des salariés, et ce ne sont pas non plus les droites LR et LREM (pour faire vite), qui lui courent après en espérant siphonner son électorat, qui le feront. La gauche politique qui tente d’en parler est malheureusement inaudible actuellement, faute d’unité et de crédibilité.

Le mouvement syndical a donc la responsabilité de remettre les questions sociales au centre des préoccupations des travailleurs et des travailleuses. Il nous faut pour cela imposer ces débats sur les lieux de travail, en reconstruisant les collectifs, en élaborant des revendications communes. Cette étape, « au plus près » des salarié-es, est une étape indispensable pour construire un mouvement social de poids et donner des perspectives d’action ultérieures. C’est en partant des préoccupations du terrain que nous pouvons bouleverser le paysage social, nous le savons toutes et tous ici.
Néanmoins, face au projet de société global du néo-libéralisme, la réponse du mouvement social ne doit pas se cantonner à un aspect purement sectoriel. Elle doit tisser des liens. Lien entre justice sociale et lutte contre le réchauffement climatique, lien entre domination capitaliste et patriarcat, etc. S’engager dans les mobilisations à venir des prochaines semaines (COP 26, lutte contre les violences faites aux femmes…) permettra de construire et de renforcer l’opposition au gouvernement, et d’imposer nos idées et projets dans le débat public de la campagne présidentielle.

Il nous faut également, en tant que fédération importante dans le champ des services publics, rendre visible que le projet de loi de finances 2022 annonce encore et toujours plus d’austérité pour les services publics, et donc pour les plus pauvres ainsi que pour leurs agents. Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale n’est pas en reste, et dégradera aussi la situation dans le service public de santé, en particulier hôpitaux et EHPAD.

Il nous revient de mettre mieux en lumière que cette austérité au détriment des plus fragiles provient du choix politique de favoriser les plus riches, en baissant les impôts et en en cherchant pas à lutter contre la fraude fiscale. Une nouvelle enquête internationale de journalistes vient de sortir sur l’évasion fiscale. La FSU doit se saisir de cette actualité pour communiquer à destination des personnels et de l’opinion publique et continuer de s’associer à toutes les actions qui se mènent sur le sujet, en particulier la campagne et l’observatoire lancés par ATTAC.

Pour tisser ces liens et construire largement les indispensables mobilisations, nous pensons qu’il convient de s’appuyer sur des intersyndicales larges et les collectifs locaux « Plus jamais ça », dont le cadre correspond à ce que porte la FSU. La recherche de l’unité la plus large, y compris ponctuellement avec des formations politiques progressistes, doit rester un souci constant.

C’est ainsi que nous lutterons contre l’offensive libérale et contre la montée des idées d’extrême-droite, et que nous travaillerons à une alternative politique de transformation sociale.